Sacrifice programmé
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le 20 juin 2022
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Plan 75 met en scène un futur dystopique où les personnes âgées sont poliment incitées à soulager la société japonaise du poids de leur prise en charge en se faisant massivement euthanasier contre une somme d'argent - qu'elles ont le loisir de claquer durant le temps des démarches administratives ou de léguer à leur éventuelle descendance. Poliment, car légalement elles gardent toute liberté de ne pas souscrire à l'offre et de mourir de leur belle mort. Le film montre toutefois comment une société peut faire d'un mécanisme apparemment incitatif une voie inévitable pour un groupe social qui est perçu par le reste de la population à travers le prisme de son poids économique. Fini les EHPAD-mouroirs (ça coûte encore trop cher au contribuable), il faut que les papis-mamis déchargent les jeunes de leur poids inutile et de leur existence improductive. Les classes de vieux paupérisés et isolés, qui n'ont plus accès à un travail ni à un logement, faute de ressources, sont réduits à l'alternative octo-SDF / mort anticipée prise en charge par la collectivité. Le dispositif plan 75 est un symptôme brillament pensé qui signale les dérives malsaines d'une société où la rationalisation financière a détruit les attaches affectives et les solidarités familiales et intergénérationnelles. Ca peut nous rappeler le COVID où certains se sont posés la question de lâcher nos aînés pour que le reste de la population puisse vivre à son aise. On n'y est pas encore (ouf). Mais on peut aussi se demander si le fait d'entasser le troisième âge dans des EHPADs, souvent sous contention, est beaucoup plus empathique et moins un déni de reconnaissance qu'une injonction à l'euthanasie.
Une idée superbe, une réalisation un peu moins réussie : le film s'éparpille un peu dans une multitude d'intrigues et de personnages sans lien entre eux. On s'ennuie parfois. Reste que l'atmosphère faussement policée d'une époque où l'indifférence règne est très bien rendue.
Créée
le 18 sept. 2022
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