Plan 9 from Outer Space est considéré comme l'un des plus mauvais films jamais tournés. Certains ont même prétendu que c’était le pire. Quelle belle réputation. Et il est vrai que le film se regarde avec une certaine sidération, hypnotisé.
L'histoire est fantastique : des morts-vivants qui ressemblent à des vampires arpentent un cimetière. On découvre bien vite que ce sont des extra-terrestres qui sont responsables de ces créatures, lassés de l’absence de réaction de la Terre quand ils leur disent d'arrêter de faire des armes. En quelques lignes résumées, nous avons donc un incroyable scénario, une ode à la communication entre espèces et à la non-prolifération des armes, dans un méli-mélo sérieux et farfelu.
Nous avons aussi d'incroyables décors. Parmi lesquels quelques m² avec des branches coupées pour faire des arbres, des tombes en carton, un fonds noir et de la fumée pour cacher la misère : il s'agit d’un décor de cimetière, qu'on voit quasiment tout le temps, de long, de travers. La plus incroyable mauvaise restitution d'une cabine d'avion, c'est dans ce film, c’est difficile de faire pire. Et que dire des deux décors extra-terrestres, dont l'un n'est composé que de rideaux en arrière plan ?
Nous avons aussi d'incroyables effets spéciaux. Des soucoupes volantes dont on voit le filin. De la fumée bon marché. Des ombres qui révèlent les trucages.
Nous avons d'incroyables acteurs. La palme revient à Bela Lugosi. Qui est mort avant le film. Quelques scènes tournées avant le début de la production sont insérées au pied-de-biche. Et c'est le chiropracteur de sa femme qui le remplace dans le film, cachant son visage derrière sa cape. Anecdote incroyable, mais vraie.
Tout est bancal. Et Ed Wood y est allé, malgré tout. Le tournage de ce film occupe d'ailleurs une bonne place du film Ed Wood de Tim Burton, avec Johnny Depp, si je ne m'abuse.
Et c'est donc un film qu'on regarde pour se moquer et pointer du doigt les nombreuses incohérences. Mais peut-être aussi avec une certaine tendresse, car Ed Wood propose un tel niveau de bricolage, que ce n'est plus de l'acharnement commercial qu'on devine, sortir le film coûte que coûte, mais une véritable envie de faire son film malgré tout, un acharnement, certes, mais de passionné.
Le film le plus mauvais de tous les temps, peut-être pour certains, mais pourtant incontournable. Dans le genre de la SF de ces années, déjà bien rarement inspiré, Plan 9 from Outer space est un canard boiteux. Un marginal. Attachant parce que lourdement mal en point, de traviole tout du long.