Sur le papier "Planétarium" exhale un parfum très tentant : Une fresque ambitieuse mêlant spiritisme, époque troublée rappelant la nôtre, avec en devanture des stars de papier glacé connues ( Natalie Portman) ou sacrées sans avoir fait grand chose ( Lily-Rose Depp) et derrière la caméra, une réalisatrice aimée de la critique qui a bénéficié d'un budget confortable ( et à l'écran, ça se voit !).
Dans la presse nous avons eu deux périodes. En mai, alors qu'aucune section du festival de Cannes n'ait semblé avoir été intéressée par le film, naît comme une rumeur un peu maussade quant à la réussite de l'oeuvre. En septembre, après une projection hors compétition à la Mostra de Venise, la sortie approchant, la tendance s'inverse... En novembre, quelques critiques maintiennent leur scepticisme alors que d'autres sont en transe. A y regarder de plus près, l'enthousiasme est sans doute à tempérer, car, si l'on lit entre les lignes apparaissent des éléments qui ont allumé un feu rouge dans ma tête. Quand "Les fiches du cinéma" disent : " Planétarium, ..., amalgame un corpus de motifs et de lignes narratives dont il garde secrète la logique souterraine." ou que le même magazine signale à la réalisatrice : " Vous ne mâchez pas le travail du spectateur", on peut déjà décrypter que l'ensemble ne doit pas être d'une vision facile, voire même très obscure. Et quand "Télérama" rajoute : " Elle fait tournoyer les signes plus qu'elle ne raconte une histoire en bonne et due forme.", on peut légitimement penser que nous avons affaire à une oeuvre coriace et exigeante. Pourquoi pas?.. C'est bien d'être prévenu. Donc, après avoir pris trois expressos et relu un peu Spinoza et des analyses du cinéma de Godard, me voilà devant Planétarium. Et qu'ai-je vu ? Un très long clip, joli comme tout.
C'est tout ? Ben oui, hélas. Mais il faut que je sois honnête, de l'ambition le film a dû en avoir à un moment. Hélas, à l'écran rien de fonctionne. Dans une image au glamour parfait, évoluent deux personnages féminins aux traits si succinctement brossés que l'on se contrefout très vite de ce qui leur arrive. Natalie Portman, filmée comme un porte-manteau de chez Chanel, nous rappelle constamment qu'un repas, c'est cinq radis sans beurre et c'est tout. Face à elle, ou à côté devrai-je dire, Lily-Rose Depp, qui a pourtant hérité du personnage le plus intéressant, joue les utilités pâles comme son maquillage. Rien ne se passe entre les deux soeurs, noyées par le dispositif ( souterrain donc) d'une narration qui multiplie les pistes sans jamais les exploiter réellement. balançant des thèmes qui en jettent à qui mieux mieux. Et une métaphore sur le cinéma révélateur d'un monde invisible ! Et une réflexion sur l'aveuglement face aux images et à l'Histoire ! Et un clin d'oeil à notre époque troublée ! Et un peu de montée de l'antisémitisme ! Et l'art au fond qu'est-ce que c'est ? Copieux, ambitieux, mais hélas les ingrédients ne s'amalgament pas du tout.
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