Persistons à saluer les jeunes cinéastes de France qui s'attaquent sans complexe à des genres qui ne font guère partie de la tradition hexagonale, même s'ils ne réussissent pas toujours totalement dans leur entreprise. Au tour de Aude-Léa Rapin de se lancer dans un récit d'anticipation qui, à défaut de moyens grandioses, ne manque ni d'ambition ni d'idées. En situant l'action en 2039, les progrès technologiques n'ont pas besoin de dépasser l'entendement et ceux qui apparaissent dans Planète B sont parfaitement crédibles, toujours dans l'esprit de nos chers dirigeants, non de faciliter la vie des citoyens mais de les contrôler encore davantage et de les punir, le cas échéant. Le propos politique est évidemment présent dans le film (écoterrorisme, migrants) mais sans déborder sur la nécessité de créer une œuvre cohérente et divertissante, malgré une noirceur intrinsèque à tous les films qui évoquent l'avenir de notre monde. Assez bizarrement, avec sa prison virtuelle, paradisiaque le jour, infernale la nuit, tortures cauchemardesques incluses, Planète B ressemble parfois à une émission de télé-réalité, sauf qu'ici la réalité dépasse l'affliction. Les puristes du genre y trouveront évidemment beaucoup à redire, sur le manque de profondeur du scénario, entre autres, mais qu'importe, le long métrage se suit avec plaisir, sur ses deux planètes, avec, pour une fois, deux héroïnes au premier plan, toutes les deux plus que convaincantes : Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub..