On peut penser ce que l'on veut de "Forbidden Planet", c'était un film extrêmement ambitieux pour son temps, qui a énormément influencé la SF au cinéma. C'était par exemple la première fois que l'on découvrait un astronef dépassant la vitesse de la lumière pour un voyage inter-stellaire (un concept qui sera repris entre autres chez "Star Wars" et "Star Trek"). La première fois qu'une histoire se déroule intégralement sur un monde hors de notre système solaire.
La première fois qu'une BO est entièrement électronique. Et impossible de ne pas évoquer Robby, le robot devenu iconique, qui fera des dizaines de caméos par la suite ici et là ! Si un robot n'est à l'époque pas nouveau, il était très rare d'en faire un personnage fort du récit. Tandis que c'était à l'époque un "accessoire" élaboré (il se murmure que l'élaboration de Robby à elle-seule a consommé près de 7% du budget !).
Même sur les autres éléments, l'équipe n'était pas en reste. On raconte que les décorateurs étaient conscients des limites budgétaires, mais se sont lâchés avec des environnements deux fois plus grands que prévus... et il était trop tard pour les arrêter quand les comptables ont découvert la supercherie. Une magouille qui paye, avec son mélange de décors studio et de matte paintings, "Forbidden Planet" affiche un univers dépaysant et ample.
Alors oui, certains peuvent trouver ça ringard. Il est vrai que la BO électronique est bien souvent kitsch. Que les effets des blasters ou des dangereuses créatures ont mal vieilli. Que les dialogues et les personnages sont très (trop ?) sérieux et statiques. D'ailleurs le premier rôle est tenu par Leslie Nielsen. Et oui, le futur pape de la comédie absurde a eu une carrière avant "Airplane" !
Et j'avoue que c'est le souvenir qu'il me restait de mon premier visionnage, il y a près de 20 ans. Mais en le revoyant, j'ai beaucoup apprécié l'ambition, l'univers visuel recherché, et surtout l'intelligence de l'écriture du scénario. Autant dans les rapports entre les personnages. Dans les explications techniques régulières, qui déminent des incohérences dans un cinéma de SF pourtant peu regardant à l'époque. Ou dans les thématiques, sur la responsabilité et les enjeux de la science.
Un classique de la SF des 50's.