Quand j'ai découvert Planète interdite, les décors et le style me fait penser aux années 60 et c'était encore plus vous incroyable de découvrir que le film vient de la décennie précédente — on apprécie alors d’autant plus l’influence novatrice qu’il aura eu sur le cinéma de science-fiction mais également et la société.
Film fondateur de la science-fiction, Planète interdite aborde aussi bien les thèmes de l'utopie, de la conquête militaire, de l’individualisme, de l'éducation, des progrès de la science et du complexe de Dieu. Ces thématiques pourtant très profondes sont abordés de manière fluide dans un film au rythme certes un peu lent (nos standards en la matière ont bien évolué) mais qui garde tout son charme. Une petite escouade de soldats cherche à comprendre (entendre détruire) les causes de la mort de la quasi-totalité de l'expédition précédente sur une planète inconnue qui aurait hébergé une civilisation avancée extraterrestre. Sur place reste un homme survivant, dont l’intellect a été décuplé, et sa fille ayant grandi tel Candide loin de l'humanité. L'ennemi se révèlera plus psychique que matériel et on verra davantage au contrat social et aux pulsions enfouies qu’à la conquête spatiale.
Ce qui a le plus mal vieilli c'est bien sûr cet équipage entièrement masculin et sa rencontre complètement décomplexée avec une femme présentée comme assez innocente. Les hommes ne masquent en rien leur désir. C’est à la fois cocasse et gênant lorsque les membres d’équipage disent au père de la jeune femme « vous comprenez on a pas vu de femme depuis un an » !
En revanche les effets spéciaux simples mais efficaces on très bien vieillis. Oui ils ont un petit charme à l'ancienne mais ils gardent toute leur force. Il y a également des cadrages marquants qui ne sont pas sans rappeler Metropolis comme ce plan ou 3 personnages sont complètement perdus dans la technologie Krell, en contrebas sur un pont. Malgré un rythme assez lent le film arrive à maintenir une bonne tension grâce également à une partition musicale pertinente et également très novatrice pour l’époque. Les décors et costumes cités plus haute ont le parfait équilibre entre projection futuriste crédible et rattachement au monde connu, comme le mélange entre les armes laser et des outils de navigation très proche des nôtres. L'ensemble arrive à inscrire le film dans une durabilité, son style n'est pas devenu risible comme cela a pu arriver à nombre de films de SF des années 50-60.
On se situe encore au début de la science-fiction qui va mélanger grand spectacle et questionnement sur notre rapport à la science et à la nature, et va inspirer la SF moderne. C'est un très bon film à (re)découvrir, qui mérite amplement ses lettres de noblesse.