Pour quelqu'un de ma génération, né au début des années 90, Platini est principalement associé à un regard qui s'éclaire chez mon père quand son nom est prononcé, au détour d'un reportage ou d'une discussion foot à la maison. Il s'agit avant tout de gimmicks "Platoche", "Séville 82", "Battiston-Schumacher", "Carré magique" etc. sans pour autant connaître précisément les références.
Ce reportage a donc le mérite de rappeler aux jeunes nés entre 1990 et 2010 qu'avant Zidane et Mbappé, il y avait déjà un n°10 de génie. Grâce aux images d'archive, nous sommes aussi plongés dans l'antichambre du foot actuel, avec un Platini pré-superstar mais humble et esthète. Passionné par le jeu, les copains et les buts. Le foot simple. Un foot qui fait du bien à une époque où le ballon rond devient de plus en plus inégalitaire et superficiel et où la marchandisation exacerbée le vide progressivement de sa substance et de ses valeurs.
Se replonger dans le football des années 70 et 80 à travers son parcours de classe mondiale fait du bien et permet de comprendre pourquoi Platoche a tant marqué la France et l'Europe du foot.
L'interview en fin de reportage avec Hervé Mathoux montre aussi que Platini pensait le football, et le pensait plutôt bien : un football humain, régulé, populaire et accessible à tous. Dommage que le n°10 légendaire ne puisse pas reprendre en main le football européen ou mondial.