C’est un beau film sur les trentenaires d’aujourd’hui. Quelque part entre Les coquillettes, de Sophie Letourneur, Deux automnes trois hivers, de Sébastien Betbeder ou Frances Ha, de Noah Baumbach. Playlist évoque la « légère gravité » de ces trois films et tout comme eux, impose une forme, qui lui est propre. Le film est par ailleurs moins surprenant dans sa forme – qui manque un peu de densité à mon goût – que dans la spontanéité de son écriture, qui semble d’inspiration autobiographique mais se déploie avec un réel appétit de fiction.
Nine Antico vient de la bande-dessinée et son premier long-métrage s’en ressent, dans sa construction par « cases » très cadrées, accompagnées par une voix off récurrente, signée Bertrand Belin – qui lorsqu’il ne chante pas, a presque un timbre de voix à la André Wilms – sans oublier une bande originale très classe, convoquant Yo La Tengo, Marine Girls, Dame Area ou encore Daniel Johnston dont le titre « True love will find you in the end » sert de joli morceau de bascule diégétique.
A l’heure où il faut appuyer sur la touche féministe, où le cinéma surligne tout, fait clignoter les messages metoo et compagnie, Playlist est plus doux, plus sincère. Et en plus de très bien capter l’air du temps s’avère être un vrai film féministe, un vrai film féminin – avec Sara Forestier & Laetita Dosch, dans un jeu à la Greta Gerwig – où les hommes tiennent une place majeure malgré tout – superbes personnages campés par Grégoire Colin, Lescop, Pierre Loffin ou Jackie Beroyer – bref un film avec les hommes et non contre. On retiendra aussi la présence du très beau Andranic Manet – déjà magnifique dans Mes provinciales, de Jean-Paul Civeyrac.