Je ne suis pas du tout un connaisseur de Jacques Tati. Alors il était temps que je tente ce film dont la simple affiche avec les office spaces cubiques m'intriguait.
C'était excellent.
Il y a des choses qui m'ont parfois vraiment décontenancé, entre le mixage sonore volontairement chaotique mais surtout les doublages qui frôlent le film fauché de sixième main. Une volonté qui, contrairement à d'autres, ne m'a pas convaincu.
Mais ça c'était pour les mauvais cotés, enfin le seul d'une telle importante à mes yeux plutôt. Car sur le reste, c'était succulent.
Tati nous raconte une histoire aussi loufoque que satirique, quasi dénuée de dialogues à proprement parler et qui n'en a sincèrement pas besoin, tant il y a de la maitrise sur tous les autres aspects.
Entre les décors somptueusement kitch et sobres à la fois, les citoyens qui se comportent parfois à deux doigts du vaudeville, les extras, le regard de Tati et cette espèce de manège incessant, porté par une musique et des bruits de fond permanents... Depuis les portes de l'aéroport jusqu'au rond point du lendemain, on s'ennuie difficilement au cours de cette étrange escapade dans un monde singeant autant son présent que le nôtre, rempli d'individus dont le cadre global semble apocalyptique, mais à partir duquel Tati -et par extension nous- extrait plus ou moins frontalement et non sans une certaine malice ces petites absurdités qui tapissent l'être humain, depuis ses comportements jusqu'à ses produits, en passant par son architecture.
Un monde qui se veut moderne, carré, esthétique, mais qui est tout aussi bête, maladroit et brinquebalant.
C'était définitivement une bonne expérience.