Bella a tout juste 19ans et vient de quitter sa Suède natale pour la Californie afin de faire carrière dans l’industrie du porno. Elle n’a peur de rien et se vante « d’aimer la b!te », raison pour laquelle elle souhaite percer dans le milieu et devenir une pornstar.
Pour son premier long-métrage, la cinéaste suédoise Ninja Thyberg a transposé en version longue son court-métrage éponyme sorti en 2013 en dressant ici une satire contre l’industrie pornographique et dénonce par la même occasion l’image de la femme qu’elle véhicule (ou plutôt, qu’elle souille). Le film à cette originalité de traiter de la pornographie avec un regard féminin, alors que jusqu’à présent, le sujet était essentiellement traité sous l’angle masculin (Larry Flynt - 1997 ou encore Boogie Nights - 1998, pour ne citer que les plus connus).
Pleasure (2021) nous dévoile (s’il ne le fallait encore), la triste réalité de ce qu’est la pornographie mainstream, celle réalisée à tour de bras en Californie, bien loin de la pornographie éthique ou féministe (oui, oui, ça existe, mais vous ne la trouverez pas sur les canaux habituels, il faut sortir des sentiers battus). La réalisatrice dénonce le male gaze et ses pratiques qui laissent perplexe, comme cette pression qui est mise sur les actrices pour faire telle ou telle scène et où la notion de consentement ne signifie plus rien, face aux pressions économiques ou logistiques que peuvent rencontrer certains tournages.
La mise en scène fait la part belle au female gaze, comme pour mieux dénoncer et dézinguer le male gaze. L’interdiction aux moins de 16ans s’avère justifiée car si toutes les scènes de sexe sont simulées, il n’en reste pas moins que certaines scènes de violence pourraient en rebuter certains(es), ainsi que quelques séquences de nudité frontale et autres fluides corporels...
Le film est criant de réalisme et parfois même à la limite du documentaire, entre l’insouciance des jeunes filles parfois tout juste majeur et l’emprise psychologique que certains font peser sur les actrices. On rit des clichés qui y sont dévoilés, mais c’est hélas la triste réalité, notamment la séquence dite de la double-pénétration interraciale (avec d’un côté les black mamba et de l’autre, la frêle blanche à la peau cristalline).
Impossible de ne pas repenser au documentaire de Jill Bauer & Ronna Gradus : Hot Girls Wanted (2015) qui montrait des ados à peine majeures se lançant dans l’industrie du porno. Afin d’insuffler encore plus de réalisme à son récit, la réalisatrice a été jusqu’à faire appel à de véritable stars du X, comme en témoigne la présence de Chris Cock, John Strong, Evelyn Claire ou encore, l’agent artistique Mark Spiegler.
Le film dénonce sans complaisance l’industrie du X, d’une rare brutalité tant dans le fond que dans la forme. Mais ce qui nous frappe le plus au final, c’est surtout, la performance de Sofia Kappel dont c’était son premier rôle au cinéma. Il lui en a fallu du courage et de la détermination pour encaisser un tel rôle.
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