Et pourquoi pas un simple docu(l) sur cette industrie hollywoodienne du X ? Parce qu'il s'agit de la vision très personnelle d'une cinéaste, Ninja Thyberg, et d'un film qui parle du rêve américain d'une jeune suédoise, à la fois candide et ambitieuse. Dans Pleasure, les meilleures scènes sont celles d'avant ou d'après tournage. Il n'y a rien de hard dans le film, du côté des images, sinon suggérées et souvent difficiles à regarder, mais en revanche, les mots, dégradants et humiliants, montrent à quel point de crudité cet univers est machiste et toxique, jusqu'à la nausée. Ce n'est pas un film de voyeur que cette naissance sous X d'une jeune femme qui n'a aucun pouvoir sinon celui de se soumettre et il y a beaucoup de souffrance et bien peu de plaisir. Pour autant, Ninja Thyberg s'éloigne de l’œuvre moralisatrice attendue et impose sa manière, tantôt en force, tantôt en subtilité, avec un talent indéniable. Sofia Kappel, qui n'est en aucun cas une actrice porno, est époustouflante dans un rôle terrible d'où il est à espérer qu'elle ressorte intacte, tellement il lui est demandé par sa réalisatrice. Qu'un regard féminin se pose sur cette industrie pas comme les autres, et pourtant assez semblable dans son fonctionnement, est évidemment essentiel à sa crédibilité. Cependant, il faut insister là-dessus, malgré son caractère ultra-réaliste, le long-métrage n'est pas un documentaire mais bien une fiction, au rythme infernal et où la musique, en particulier, est utilisée de façon très efficace, offrant un contrepoint à un style glacial, la majeure partie du temps.