Avant de m’immiscer dans l’univers de « Point Break », j’ai décidé de me pencher un peu plus sur l’acteur qui a toujours surfé sur la vague durant les 90’s (que ce soit avec Van Sant sur « My own private Idaho » ou sur « Speed »), du déferlement des 2000’s grâce aux frères Wachowski (« Matrix ») ou du renouveau d’action de la décennie 2010 avec « John Wick ».
Vous m’avez compris, ma soirée double-visionnage s’est décomposée ainsi : j’ai d’abord regardé un documentaire sur Keanu Reeves puis « Point break » a surgi devant mon écran.
Enregistré en début d’année 2023, le doc « Keanu Reeves, messie pop » m’a permis de découvrir que je connais bien la carrière de l’acteur qu’on a pu voir chez Bertolucci (« Little Buddha ») ainsi que ses gimmicks que la planète a relevé pendant sa période de gloire durant la quadrilogie des frères Wachowski. En bref, un doc pas assez poussé et intime de la star qui a refusé de jouer dans « Speed 2 ».
J’arrive ainsi en mode surfing sur la vague « Point Break ».
Pour son quatrième long-métrage, la réalisatrice Kathryn Bigelow nous embarque avec son fiancé d’alors qui se fait également producteur exécutif : il s’agit du canadien James Cameron (réalisateur mondialement connu et reconnu -Oscar du meilleur réalisateur de « Titanic »- qui a maintenu la barre pour « Piranha 2 », « Abyss », « Avatar »…). Il s’est même fait entendre qu’il aurait été le coscénariste officieux de « Point break ». Info ou intox ? Dans tous les cas, lorsqu’est sorti ce film, ce fut l’année de divorce pour la réalisatrice.
« Point Break », synopsis : un gang de surfers braqueurs de banque sont non appréhendés par la police locale de Los Angeles qui fait appel à un jeune agent du FBI pour s’infiltrer dans ce gang afin de le démanteler de l’intérieur. Au risque et au péril de chacun… ‘surfin USA’ !
Rien qu’avec ce script, vous m’avez compris très chers amis spectateurs, nous avons affaire à un thriller d’action assourdissant dans lequel les dangers de l’extrême sont poussés à l’extrême limite. Baoum !
Surf sur des hautes vagues, adrénaline pure lors de séquences de chutes aériennes, rien n’est laissé au hasard dans cette ambiance marine/des surfeurs qui nous est retranscrite à merveille par Madame la réalisatrice. Réveil assuré.
D’excellents morceaux de bravoure, à l’instar des sauts en parachute !, qui sont des moments de frissons comme d’angoisse.
Adrénaline et grands frissons en perspective : un cinéma extraordinaire, en chute libre, assurément !
La réalisatrice d’origine californienne organise ici un duel d’acteurs au sommet : Keanu Reeves (star qu’on ne présente plus avec la trilogie « Matrix » des 2000’s, sans oublier « Les liaisons dangereuses », « Dracula », « L’associé du diable », « The neon demon »...), en flic et jeune loup obstiné et coriace-Patrick Swayze (« Dirty dancing », « Road house » et « Ghost » : trois succès qui chantent en sa faveur !)(doublé par Richard Darbois, la voix française d’Harrison Ford qui m’a semblé vaine pour vraiment identifier l’identité de Swayze) en chef de groupe allumé/tête brûlée doté d’un charme ravageur et qui a tenu lui-même à réaliser la plupart de ses scènes d’action, considéré ici comme l’un de ses meilleurs rôles.
Ce duel (Reeves-Swayze), l’un des meilleurs du film d’action tout cours, tient toutes ses promesses et nous maintient sur un incessant qui-vive tel un surfeur au milieu des rouleaux hawaiiens.
Les seconds couteaux sont eux aussi charismatiques, à l’image de Gary Busey (« The Buddy Holly story », « Le canardeur » de Cimino, « L’arme fatale », « Piège en haute mer »…).
Nous avons également droit aux figures impressionnantes et habituelles des grosses productions des 90’s avec les sbires de Swayze : John Philbin (vu dans le non moins excellent « Tombstone » de Cosmatos), James LeGros (« Drugstore cowboy » de Van Sant et la saison une de la série « Mildred pierce » lui a permis de ‘goûter au succès’) et Bojesse Christopher (vu dans la série « True detective »). La copine de Keanu, Lori Petty (« Une équipe hors du commun » de Penny Marshall et « Sauvez Willy » pour le cinéma, « Orange is the new black » côté série) apporte ce côté sensuel comme l’avait fait Kelly McGillis sur « Top gun ».
Au casting, nous avons également droit au troisième couteau John C. McGinley (si Oliver Stone l’a fait percé à Hollywood -« Platoon », « Wall street »- , il a joué dans « Seven », « Rock », « Get carter », « Identity »…).
Et le regretté Tom Sizemore de nous apparaître dans une furtive apparition ô combien réjouissante (première apparition au cinéma dans « Haute sécurité » avec Stallone, il a pris l’habitude d’imposer et d’imprégner son charisme à toute épreuve au fil de sa carrière : « Le vol de l’Intruder », « Passager 57 », « Heat », « A tombeau ouvert », « La chute du faucon noir », …).
Niveau casting, Kathryn Bigelow convoque une pléiade de stars en devenir en imposant ainsi sa rugosité de sa mise en scène grâce à ces présences reconnaissables entre toutes (Reeves, Swayze, Busey, McGinley, Sizemore). Extra !
La bande-son de « Point break », très années 1980-1990, est béton, et se voit dotée d’une sonorité enivrante en des guitares électriques rock comme je les aime.
Le compositeur qui l’a proposée n’est autre que Mark Isham (il a fait partie des groupes de Bruce Springsteen et de Van Morrison ; pour le cinéma, il a écrit les partitions du « Mystère Von Bülow », « Et au milieu coule une rivière », « Le collectionneur », « Collision »… et dernièrement « Un talent en or massif ») qui prouve une fois encore l’harmonisation de sa musique autour des thèmes proposés (adrénaline, testostérone et tutti quanti). Tain-tain… dzaing !
Les scénaristes dirigés par la metteure en scène oscarisée de la meilleure réalisatrice pour « Démineurs » sont W. Peter Iliff (« Jeux de guerre » et « Suspicion » -le remake américain de « Garde à vue »-, c’est lui) et Rick King (réalisateur malheureux de « Kickboxer 3 ») qui proposent un scénario écrit sur une goutte d’eau et au creux de la vague mais extrêmement efficace et diablement maîtrisé. Merci à eux !
En découle un montage filmique fluide et en mode surfing, sur la vague.
La mise en scène de Bigelow qui s’ensuit est d’autant plus forte qu’elle se fait coup de poing, d’une rusticité sans fard. Sous perfusion même (les scènes de surf sont très bien filmées par la réalisatrice de « Aux frontières de l’aube », tout comme la course-poursuite dans les rues de L.A.) car tout s’enchaîne et se déchaîne rien que pour nos yeux et le gang de Swayze.
La metteure en scène du film d’espionnage « Zero dark thirty » signe et soigne un film de combattant, à la « Top gun », reprenant les mêmes codes de ce film d’action en les insérant sur le monde des surfers comme s’il s’agissait de marines en guerre contre les gouvernements.
La metteure en scène du film de guerre « K-19, le piège des profondeurs » va ainsi jusqu’à brider sa réalisation (pour nous en mettre plein la vue) et allier à sa rusticité une mise en scène obsessionnelle et organique (les corps de Swayze et Keanu Reeves nous maintiennent en une testostérone dure, pure et brute lors de leur affrontement qui va crescendo au fur et à mesure du métrage).
Kathryn Bigelow convie sang-froid, adrénaline, sang chaud, chair et sang en un condensé de thriller et d’action dans un film qui a assurément révolutionné le genre.
Pour conclure, « Point Break »(1991) restera ce divertissement fracassant qui casse la baraque. La réalisatrice Kathryn Bigelow (« Strange days », « Detroit ») offre un blockbuster bourré d’adrénaline à 200% pour devenir un classique instantané des 90’s qui est rentré dans les mémoires et peut se targuer d’être encore aujourd’hui ce film culte indémodable.
Bijou et petit chef d’œuvre du film d’action.
PS : « Point break » s’est vu doté d’un remake, la version oubliable de 2016, que j’ai vu au cinéma à sa sortie. Résultat : creux et insipide, en n’ayant jamais vu l’original. Résultat d’aujourd’hui : ne voir que l’original ! Surtout pour les beaux yeux du duo Swayze-Reeves !
Spectateurs en manque d’adrénaline, surfez !