C'est une comédie faite toute entière pour Bourvil dans sa composition récurrente de brave type un peu ahuri, mais pas si bête qu'il en a l'air. Dans "Poisson d'avril", Emile est tout à la fois le mécanicien du village, un pêcheur du dimanche en cachette de sa femme (Annie Cordy) et l'alibi d'un bourgeois adultère (Pierre Dux). Lors d'une partie de pêche, on verra dans le rôle du garde-pêche vicieux un Louis de Funès première manière (accent marqué et grimaces assorties) et pas très bien servi.
La comédie populaire de Gilles Grangier est pleine de personnages typés, pas compliqués, voire franchement simplistes. C'est pourquoi on ne leur trouve pas beaucoup d'intérêt, d'autant moins que le scénario n'a rien d'emballant, dont la mise en scène reproduit le manque d'unité, les situations disparates qui n'existent que pour le numéro de Bourvil. Ainsi qu'en témoignent les contingences vaudevillesques dérisoires qui prennent forme dans la seconde partie du film. Les dialogues de Michel Audiard, pas encore déterminants, donnent par instants un peu d'esprit à l'ensemble.