La Police puissance 7 (Seven Ups) est le nom d'une brigade réelle chargée de traquer des criminels n'écopant pas moins de 7 ans de prison. Unique film de Philip d'Antoni qui est surtout connu comme producteur, c'est un polar urbain dans la grande tradition des polars des seventies, au style reconnaissable, et qui se positionne dans la lignée de polars comme Bullitt, French Connection, le Flic ricanant, le Cercle noir ou Un silencieux au bout du canon... j'aime beaucoup l'atmosphère de ces polars des 70's.
Mais Police puissance 7 est surtout l'héritier direct de French Connection, pas seulement parce que d'Antoni en est le producteur (tout comme celui de Bullitt), ni parce qu'on y retrouve Roy Scheider qui faisait équipe avec Gene Hackman, mais surtout parce que cette filiation s'appuie sur les souvenirs de Sonny Grosso, lieutenant de police newyorkais qui avait participé au scénario ; ici, il est conseiller technique, et les actions de cette brigade sont directement inspirées de certaines affaires qu'il a suivies.
La différence avec French Connection, c'est qu'il n'est pas question d'affaires de drogue mais d'enlèvements de mafieux qui se font racketter par d'autres gangsters. On a donc une brigade qui emploie des méthodes discutables mais efficaces en traquant ces types, pour Buddy leur chef, tous les moyens sont bons pour combattre le crime, et un truand mort vaut mieux qu'un gangster libéré sous caution. D'Antoni n'a pas peur d'afficher une morale suspecte qui déboucherait presque vers une sorte de fascisme ordinaire. Les flics qui emploient des méthodes de gangsters pour alpaguer leurs proies, les gangsters qui utilisent des méthodes policières pour kidnapper des mafieux, avec au milieu un indic qui joue sur les 2 tableaux, ce sont des thématiques typiques des polars de cette époque. La violence brutale, le ton plein de rigueur, le décor sombre et sale, la grisaille de New York, le terrain vague sordide du final où les héros attendent des suspects, tout ceci participe à cet état d'esprit.
Autre signal qui permet une filiation à French Connection, c'est la poursuite en voitures, séquence devenue incontournable dans les polars de cette décennie, elle est cependant beaucoup plus proche de celle de Bullitt, c'est même presque un copié-collé, sauf qu'elle n'est plus à Frisco mais à New York, et qu'elle est réalisée avec 2 Pontiac, mais on y retrouve les mêmes gimmicks, une durée un peu plus longue, 2 types dans la voiture des truands, et le flic Scheider, acharné et tenace comme l'était Steve McQueen en poursuivant, elle est remarquablement réglée par Bill Hickman (les cheveux plus longs) qui conduit la voiture des truands, il pilotait déjà celle de Bullitt, avec une issue finale différente.
Voici donc un bon polar au scénario en apparence embrouillée, et qui bénéficie d'un casting homogène avec un Roy Scheider qui mène bien le jeu, soutenu par Tony Lo Bianco dans son rôle assez attachant de l'indic, Richard Lynch dans un rôle qui ouvrait pour cet acteur une galerie de méchants un peu frappés, Ken Kercheval qui intègrera le cast de la série Dallas, et Joe Spinell dans un rôle de petit truand minable.