En 1985, des dizaines et des dizaines de distributions passées arboraient déjà le nom de Jackie Chan, icône sans partage du cinéma d’action hongkongais touche-à-tout hyperactif : chose se traduisant, notamment, par son goût immodéré pour la cascade tonitruante et, par extension, ses expériences derrière la caméra.
Sortie cette année-là, Police Story était sa cinquième réalisation, pour un résultat en tout point conforme à son instigateur : débordant d’énergie, malicieux et saugrenu, déluré et impressionnant. Il y a, ainsi, comme deux films dans le film : celui comico-comique, résolu à faire de son protagoniste un énergumène imprévisible, gaffeur et drôle (souvent) à ses dépens. Enfin, celui marquant la rétine avec ses passes d’armes, chorégraphies travaillées et impacts, au service d’un certain sens de la démesure.
S’opère ainsi un contraste saisissant, la prépondérance de l’humour, qui y est intrinsèquement inégal, conférant au versant d’action une force d’autant plus remarquable. La violence de quelques séquences, coups et autres chutes tient dès lors du choc, dans le sens positif du terme, Police Story s’arrogeant par voie de fait une verve contagieuse, voire sidérante : le savoir-faire d’un homme et de tout un pan du cinéma nous agrippe pour ne plus nous lâcher.
D’ailleurs, ce serait un tort que d’affubler le film d’une étiquette surtout légère, son introduction étant bien différente : l’opération policière est présentée sous un jour nettement sérieux, de rares et parcimonieux détails lors des fusillades laissant alors entrevoir le ton majeur à venir. Et puis comment ne pas mentionner cette incroyable destruction d’un bidonville grandeur nature, sorte d’entrée en matière grandiloquente annonciatrice d’une ribambelle d’autres cascades, toutes plus audacieuses les unes que les autres.
Une manière de dire que si Police Story échoue à convaincre sur le plan purement narratif, la débauche de moyens mis en œuvre pour ancrer l’action dans le réel force l’admiration. Heureusement donc, car l’intrigue policière est à la fois un concentré d’inspirations et d’idées ayant inspiré le genre, formant un ensemble prévisible de prime abord ; le peu de soin apporté aux personnages secondaires, exception faite des décisionnaires, abonde en ce sens, tandis que les accès de folie de Ka Kui en bout de course dénotent grandement.
Côté gags, le film repose en grande partie sur des quiproquos cocasses, les grimaces et facéties de son inépuisable héros et ses propres déboires personnels : le tout se veut sympathique, confinant de rares fois à l’hilarant, néanmoins nous retiendrons surtout qu’il se fait le porte-étendard d’un récit peu consciencieux. Difficile au demeurant de lui en tenir rigueur, d’autant qu’il serait malvenu de ne pas lui reconnaître de tangibles qualités en tant que divertissement... un tant soit peu dépaysant.