Entrer dans ce film et comprendre aussitôt que ce n'est pas un boulot normal. Le pan professionnel est devenu partie intégrante de notre intimité, et le reste ne nous appartient plus. Alors comment concilier le tout ?
Du rire aux larmes, Polisse est un condensé pur d'émotions toutes voiles dehors. Et si Maïwenn nous installe dès les premiers instants dans les bureaux de la Brigade de Protection des Mineurs, c'est moins pour y trouver du morose que pour y capter un peu de vie en rose. Dès lors que le préjugé de la déprime est levé, le film nous ballade deux heures vingt durant dans les bureaux de ces flics à part, aux personnalités aussi fragiles que différentes. Dans leurs échanges réside un large spectre de sentiments: confus l'on est quand l'un craque au terme d'une déposition agacée, ou bien quand l'autre écoute les aveux d'un enfant qui pourrait être le sien. Alors quand les coeurs lâchent, le rire débarque. Et parmi ces faits de société, c'est enfin le regard du journaliste sur cette vie si particulière, où le policier tente de mener une vie normale quand dans la journée il connaît l'anormal.
La caméra, fébrile, poursuit le héros dans l'action et s'endort auprès de lui quand vient le repos. Et quand sensible il devient, l'image fait de même. De manière générale la réalisation et les procédés techniques sont à l'image de la situation: aux extrêmes. Extrêmes atteints par tous les acteurs, exceptionnels, à commencer par Joey Starr. Grande gueule et bon fond, il est le carburateur de l'équipe. Karin Viard, Marina Foïs, Elkaïm, Duvauchelle et suivants l'égalent à la perfection dans un récit de bout en bout chargé et intense. Un très beau travail de la part de la réalisatrice, reconnu par le prix du Jury à Cannes, à défaut d'avoir été doublé par The Artist aux Césars...
Maïween se pose, observe, décrit, délivre, libère.
La claque.