Maïwenn est une manipulatrice névrosée et le cinéma y gagne beaucoup
Ce film est un uppercut qui vous déchire le cœur, grâce à une réalisation et un montage ultra-nerveux qui accouchent d'une énergie vitale incroyable, trop peu présente dans un cinéma français souvent sclérosé.
Un scénario riche (on y reconnait d'ailleurs la patte de Jérémie Elkaïm, entrevue dans le formidable "La Guerre est déclarée" (1) ) et une bande-son ravageuse (un film où l'on peut entendre Urban Species est déjà un film réussi) finissent d'insuffler à ce "Polisse" une rage qui renverse tout sur son passage.
Maïwenn semble manipuler les acteurs à sa guise, et faire ainsi sortir d'eux des moments de vérité intenses. Ce pouvoir sur les acteurs peut d'ailleurs étonner de la part d'une cinéaste si jeune mais confère à son cinéma une véritable singularité, qu'on a pu connaître en son temps avec un Pialat par exemple.
Ce "Polisse" possède une véritable originalité mais peut aussi se voir comme la continuité du travail de la réalisatrice (et aussi de son travail sur elle-même).
En résumé, deux heures d'inhumanité crasse d'où jaillissent soudain quelques moments de vie : je ne suis pas prêt en effet d'oublier ce fou-rire à la fois terrifiant et si profondément humain, ou encore ces quelques plans sur le visage d'un grand-père d'une douceur absolue.
Enfin parce qu'on est avant toute chose dans du pur cinéma, comment ne pas saluer les performances exceptionnelles de cette galerie de comédiens, d'où jaillit le gargantuesque JoeyStarr.
NB : Une pensée pour un grand Monsieur du cinéma français, Bertrand Tavernier, qui avait en son temps signé son "Polisse", le magnifique "L627" (2).
(1) http://www.senscritique.com/film/La_Guerre_est_declaree/critique/9084161
(2) http://www.senscritique.com/film/L_627/497481
http://www.senscritique.com/film/Le_Bal_des_actrices/critique/6745438
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ok en 2011 y'a eu le tsunami japonais, les révolutions arabes, la mort de Kadhafi, Ben Laden et Steve Jobs, la crise financière, les émeutes de Londres, mais y'a surtout eu mon Top Films, C'est trop méga génial d'être un bobo, même si j'aurais préféré être un gros beauf (Liste participative), Les chiffres ne trompent pas, je suis adorable et indulgent, Les meilleurs films avec Karin Viard et Les meilleurs films avec Sandrine Kiberlain