Avec Polisse, on est très loin des thrillers noirs avec serial killers et flics désabusés et encore plus des films d'action hollywoodiens. Ici, le méchant, c'est la cruauté humaine, la vraie, celle qu'on inflige aux enfants, consciemment ou inconsciemment. À mi-chemin entre le drame français et la docufiction, l'actrice-réalisatrice Maïwenn nous entraîne dans l'univers difficile de la Brigade de Protection des Mineurs. Des grands-parents vicieux aux mères irresponsables qui branlent leur gamin pour qu'ils s'endorment en passant par l'exploitation de jeunes roumains pickpockets et les banals viols entre adolescents, la BPM ne chôme pas.
Ses membres encaissent au maximum la dureté de leur quotidien, certains étant écœurés, d'autres plus réservés mais aucun ne reste insensible. Avec une approche très réaliste portée par une mise en scène quasi-documentaire et des dialogues crus, Polisse déroute, dégoûte et passionne, Maïwenn réussissant le tour de force de ne jamais tomber dans la caricature, proposant au contraire des visages terriblement humains. Ces visages, ce sont ceux de Karin Viard (une prestation tout simplement sidérante, bravo madame), de Marina Foïs, du surprenant Joey Starr, de Frédéric Pierrot et d'autres brillants acteurs.
Une est en plein divorce, une autre est féministe et boulimique, un autre est bourru mais possède un cœur gros comme ça... Durant 2h, on en prend plein la gueule, déconcerté par ces histoires de cœur, de cul et de justice, où il est parfois difficile de ne pas s'emporter, où il est souvent difficile de ne pas mélanger travail et vie personnelle et où le mental en prend un sacré coup. Le long-métrage est poignant, bien mené, bien interprété, bien écrit, ne cédant jamais à la facilité et réalisé avec une force inouïe. Et si certaines scènes s'avèrent très dures à regarder, elles n'existent que pour nous rappeler que l'horreur est bien réelle et surtout quotidienne. Un bijou tricolore indéniablement coup de poing nous amenant avec certitude au fait que Maïwenn sait faire du bon cinéma.