Un ramassis de clichés et un scénario vaseux
Avec la diffusion de Polisse sur Arte, j'avais vraiment hâte de voir ce film qui m'avait fait de l’œil avec la bande-annonce et qui n'en faisait paraître que du bon. Grosse désillusion. Le film n'était absolument pas à la hauteur de mes espérances et a même rassemblé tout ce qui m'insupporte dans ce genre de films. (attention, spoilers !)
Un film sur la brigade de protection des mineurs, on sait déjà à quoi s'attendre : à du larmoyant et du choquant. Le problème, c'est qu'il y a eu le deuxième critère, sans que le premier ne se fasse ressentir. Ah si, à part pour la scène du gamin se faisant abandonner par sa mère, un moment vraiment poignant et qui prend aux tripes. Mais voilà, j'en viens aussi au premier problème que je reproche à ce film : c'est bien beau de nous balancer toutes les situations auxquelles une brigade de protection des mineurs peut faire face, mais qu'en est-il de la suite ? On a des affaires, mais pas la continuité, et la désagréable impression qu'on nous sort tout ça dans le seul but de faire pleurer dans les chaumières. Autant regarder les enquêtes spéciales sur les missions des flics, c'est pas ce qui manque à la télévision.
Ah, et n'oublions pas tous les clichés racistes sur les Roms, les noirs, les maghrébins... Peut-être pour que le Français moyen s'y retrouve dans ses idées reçues les plus primaires ? (et le blanc ne peut être qu'un pédophile, apparemment) Quelque part, ce n'est guère surprenant de la part d'un film français, j'aurais dû m'y attendre et c'est avec mes attentes revues à la baisse que je me résous à regarder la suite.
Et voilà que j'atteins le moment le plus "hilarant" du film, selon les critiques positives et le tout-Twitter. Je crois que j'ai rarement eu envie d'éteindre ma télé autant qu'à ce moment-là. La scène comique, la voici : une jeune fille a sucé des mecs pour un portable et les trois policiers qui se chargent de l'écouter sont pliés de rire et là, cerise sur le gâteau, la réplique du seul mec : "Et pour un ordinateur, tu fais quoi ?" . Je préfère ne même pas commenter ce récit surréaliste et qui n'est là que pour pour clasher les filles qui s'habillent court ou qui couchent plus tôt que la décence populaire ne le permet. Ça s'appelle du slut-shaming, et si vous ne connaissez pas le terme, Google est votre ami. En attendant, si ce film dépeint une certaine réalité de la police, je ne pense pas que j'y enverrai ma gosse si c'est pour qu'elle se prenne une humiliation supplémentaire devant des flics qui pensent avoir la morale infuse mais qui sont tout aussi dégueulasses que les mecs qui ont fait du chantage sexuel. La gamine, comme tant d'autres à seulement 14 ans, elle n'a pas de recul et peut-être a-t-elle souffert d'un manque d'éducation sexuelle ou de ce qui est tolérable de faire sur le sujet. Mais non non, c'était trop complexe à mettre en place dans l'histoire, visiblement, et on s'en tient à la facilité et au jugement hâtif : toutes des putes, blablabla, décadence, blablabla. En tout cas, l'incompréhension en premier lieu, puis les rires gras des trois flics le laissent largement entendre. Je ne préfère pas commenter la fille juste avant elle qui se fait carrément traiter de pute. Elle est belle, la "polisse" !
Si ce film avait vocation à donner une belle image des flics (soit-disant que c'était pour les "humaniser"), c'est carrément loupé à mon goût, avec tout ce que j'ai cité précédemment. Mais ce n'est pas tout : le traitement des présumés coupables est peut-être réaliste, mais si on veut nous faire croire que frapper un suspect est limite normal - après tout, tout le monde a le droit de péter un plomb, non ? - désolée, ça ne fonctionne pas sur moi.
Et les disputes incessantes, certes, font partie du quotidien de tout un chacun, mais était-ce vraiment nécessaire de s'en coltiner durant tout le film ? Ok, tout le monde a des soucis, mais les problèmes personnels des policiers, quand ils prennent une trop large place du scénario, finissent par agacer. J'aurais préféré qu'il y ait un peu moins d'affaires mais qu'elles soient mieux traitées (qu'on ait un dénouement, enfin !) plutôt que de la psycho à deux balles et une amourette niaise et sortie un peu de nul part entre la photographe et le policier joué par Joey Starr. Le suicide à la fin m'a laissée de marbre tellement il est arrivé comme un cheveu sur la soupe.
Quant aux acteurs... Ni bon ni mauvais. Pas de quoi rattraper tout ça.
(pour ceux qui se poseraient la question, oui, j'ai rédigé cette critique un peu à chaud)