Spielberg a écrit le scénario de ce film et en est le producteur. L’histoire de base est intéressante, malheureusement je la trouve mal exploitée. Le film fonctionne comme un grand fourre-tout. Il met en scène des esprits frappeurs (poltergeist) ; une télévision en communication avec l’au-delà ; une tornade qui a des airs « surnaturels » ; un arbre qui s’anime ; la présence de la « Bête » ; des cadavres qui se rebellent. Et il aborde la question métaphysique de la vie après la mort à travers une représentation venue tout droit des récits de EMI (Expérience de mort imminente). Il en ressort une histoire peu cohérente.
Pourtant le début commence plutôt bien. Le film fait surgir l’inquiétude à l’intérieur même d’un cadre parfaitement rassurant : une maison de banlieue américaine tout ce qu’il y a de plus typique et confortable. Une famille de 3 enfants mignons comme tout et plein de vie. Et bien sûr un chien. L’utilisation de la caméra subjective nous fait ressentir la peur à travers le regard des deux petits enfants, surtout celui du garçon Robbie. L’univers familier autour de lui l’inquiète : le clown qui le regarde au pied de son lit avec son sourire grimaçant, l’orage, l’arbre et ses branches noueuses qui le regarde par la fenêtre. D’autres éléments sont mis en place pour créer l’insécurité : le comportement du chien qui semble sentir une présence et la petite Carol qui semble être en contact avec une présence invisible à travers l’écran de télévision. Mais petit-à-petit les choses s’emballent au point de ne plus ressembler à grand chose.
Une scène reste intéressante, celle où Diane part rechercher sa fille, retenue dans l’entre deux entre la mort et la vie. Elle est encordée pour ne pas être perdue. Après avoir plongé dans la lumière elle revient avec sa fille. Cette séquence représente une naissance. Quand elles réapparaissent toutes deux, elles sont recroquevillées dans une position fœtale, recouvertes d’une matière gluante, baignées comme un nouveau-né et la corde représente le cordon ombilical. Malheureusement on n’en tire rien de plus et on retombe ensuite dans une surenchère de manifestations d’outre-tombe.
Il y a dans Poltergeist deux histoires qui se font concurrence : l’histoire de la petite Carol, qui relève du fantastique et qui aurait pu être traitée avec subtilité et l’histoire du cimetière profané qui aurait pu faire un autre film et être traité comme un film d’épouvante. Mais ces deux histoires mises ensemble se gênent mutuellement, du moins selon moi. Comme par ailleurs le caractère « épouvante » du film n’a pas eu d’effet sur moi, il ne reste pas grand chose.