Paul Anderson aime décidément faire pleurer les gens, et pas d'émotion, en fistant sans vaseline tout ce qu'ils aiment. Après avoir fait pleurer les gamers du monde entier (à plusieurs reprises, le salaud !), les amoureux de la littérature bien de chez nous ou encore les fans de "Predator" et de "Alien", le voilà qui s'attaque cette fois aux férus d'histoire en reprenant à son compte un ancien projet de Roman Polanski, qui pour le coup n'a plus rien à voir avec les intentions initiales.
En s'attardant sur une page tragique mais fascinante de la Rome antique, Paul Anderson met toutefois de l'eau dans son vin, accepte de mettre de côté tout ce qui rend ses films absolument foireux. D'une, il prend sur soi de ne pas mettre en vedette sa Milla Jovovich de femme, ce qui nous fait des vacances. Ensuite, il met la pédale douce sur ses tics insupportables de mise en scène, à savoir ralentis inutiles et bande son rigoureusement contre-indiquée pour toute oreille normalement constituée.
Est-ce pour cela que le nouvel essai de notre petit Paul assagi est réussi ? Oh que non, "Pompéi" pompant sans vergogne le "Titanic" de James Cameron, sans en comprendre la démarche une seconde. Car il ne suffit pas de nous coller deux niaiseux se regardant dans le blanc des yeux en attendant une catastrophe survenant à dix minutes de la fin pour nous faire un drame historique teinté de romance.
En plus de l'aspect bluette totalement à l'ouest (en gros, il parle aux chevaux, elle tombe directement in love de lui), Paul Anderson se torche avec les principes de dramaturgie, de mise en scène ou de montage. Le réalisateur de "Event Horizon" n'accouche que d'un blockbuster insipide, plat, prévisible, désincarné, et même pas drôle.
Qu'il s'agisse des effets spéciaux, corrects mais ignobles dès qu'un comédien est incrusté dans le plan, ou d'un casting sympathique sur le papier mais désastreux à l'écran (Kit Harrington a deux expressions, le ténébreux vénère et l'amoureux transi, pendant que Kiefer Sutherland surjoue le méchant très très méchant), il n'y a pratiquement rien à sauver de ce désastre, si ce n'est quelques plans plutôt crasseux, compensant des batailles étonnamment soft.
Etrangement, alors que Paul Anderson semble vouloir faire des efforts, je crois que j'aurais encore préféré qu'il reste dans ses travers, se contentant de filmer sa femme en gladiatrice,dézinguant du romain sur fond de musique techno, tout en multipliant les saltos pour éviter les retombées volcaniques. Ca aurait eu le mérite d'être drôle.