Pompoko
7.2
Pompoko

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1994)

Un animé qui pourrait métamorphoser...

Le peuple japonais est habité par une culture multi séculaire basée sur le respect de la nature et des esprits qui la peuplent. Certains évoquent ainsi les kamis, ces esprits de la sylve, censés représenter les divers aspects des éléments de la nature. Certes, la rationalité moderne est passée par là et l'accroissement de la population a considérablement réduit la part de verdure dans cet archipel oriental au bénéfice de l'urbanisation.


Le studio Ghibli possède une tradition d'animés qui se veulent une évocation de la mère nature, de ses créatures plus ou moins magiques et des effets que les humains peuvent encore percevoir de ce monde parallèle. Pompoko n'y fait pas exception. Quelques années avant princesse Mononoké, cet animé nous parle du monde sylvestre qui recule face à la conquête des hommes, toujours plus nombreux, pour dominer leur environnement.
Entre humour, légèreté et gravité, les Tanuki, créatures anthropomorphiques s'il en est, transmettent un message de respect de la nature. Selon sa sensibilité, le spectateur pourra y voir un divertissement léger, un gentil message écolo ou bien une tentative naïve de prise de conscience de l'inexorable destruction de l'environnement.
Ces petits personnages s'avèrent en effet fort attachants. Cependant, en dépit de quelques ressemblances, on n'est pas ici dans le monde des Bisounours. Les Tanuki peuvent mourir. Et ils meurent. En masse. Tout comme les animaux de nos forêts qui n'ont plus assez de place et périssent sur les routes. Sous l'aspect festif de leurs cérémonies, c'est bien la disparition de leur peuple qui est en jeu. Ils tentent de se battre avec leurs armes mais elles sont dérisoires face à la puissance déployée par les humains.
L'extinction massive dont sont victimes de nos jours de nombreuses espèces animales et végétales trouve ici un triste écho. Certes, il est paré de plaisanteries (l'étirement de la peau des testicules il fallait oser ! ^^), de rires et de couleurs somptueuses. Cependant, le propos est là, cinglant. Les humains détruisent tout ce qui ne leur sert pas immédiatement. A terme, ce sera leur perte à eux aussi mais lorsqu'ils s'en rendront compte, il sera trop tard.


Le message pourra paraître vain tant nos contemporains restent sourds ou bien ne savent pas quoi faire pour corriger la terrible dérive. Il reste alors à admirer l'exceptionnelle créativité des artistes du studio Ghilbi. Chaque image est un tableau, un festival de végétation, de nature, de couleurs, de lumières. On pourra trouver quelques longueurs dans la narration mais quelle fraîcheur ! Quelle imagination débridée !


Si cet animé illustre la propension de l'humanité à détruire son environnement, il montre aussi à quel point il peut créer de belles choses. L'art en est une, mais pourra t-il sauver le monde ?...

Apostille
7
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le 1 mai 2015

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