Voilà un premier film qui fait rudement du bien ! Mettant en scène deux merveilleux acteurs (de physique et de talent) dans le monde du travail des années 60 et l'émergence du tertiaire, le film vogue très habilement sur les couleurs pétillantes de cette époque. Certes, on peut dire que la toile de fond (une histoire d'amour entre un patron d'assurances et sa secrétaire) est parfaitement convenue, mais placer cela dans une reconstitution fidèle des années yéyé, bichonnée avec autant de soin, fait passer la pilule sans aucun mal.
On appréciera la maîtrise parfaite de l'image, les costumes, les décors, les accessoires, les personnages étudiés jusqu'au bout des ongles, et surtout la façon bien à lui qu'a choisie le réalisateur de filmer chaque moment fort. Au lieu de rester dans un ton résolument moderne, il filme cette histoire comme un véritable petit conte de fées pour jeunes filles (des années 60) à la recherche du prince charmant, et la formule marche à la perfection.
Filmant la moindre séquence un peu fleur bleue avec un regard à la fois candide et sans concession, il confère à certaines séquences un érotisme presque antinomique, mais résolument chaleureux (une bretelle de robe qui glisse, un chignon qui se défait, une chemise mouillée par la pluie) et contribue à merveille à la réussite d'un pari osé de nos jours, rendre hommage à la dactylographie en nous rappelant que jadis elle pouvait s'élever au rang de sport de compétition !
Ajoutez à cela une bande son bien sentie (des chansons d'époque épousant à merveille le thème qu'elles illustrent) et un couple de tête glamour comme on n'en fait plus. Le panache de Romain Duris cache une vraie fragilité, faite de doutes et de désillusions, tandis que la candeur de Déborah François (jamais aussi bien filmée depuis La tourneuse de pages) dissimule un brasier incandescent dont la moindre étincelle fait littéralement exploser le rythme de l'histoire.
Un feel-good movie à la française, voilà ce qui nous manquait depuis The Artist et Intouchables !