Pour son sixième film et le premier des années 90, le grand Hayao Miyazaki décide d'abonner ses habituelles histoires fantasques et transpose sa nouvelle intrigue dans l'Italie du début de siècle, au temps des pirates de l'air, des aviateurs héroïques et des femmes peu influençables. Son scénario est donc plein de romance, d'humour et d'action parfaitement dosés pour une histoire originale et instantanément captivante. Il faut dire qu'avec son héros, pas le temps de s'ennuyer : aviateur casse-cou, bougon au grand cœur amateur des bonnes choses et charmeur à ses heures, Porco Rosso est sûrement l'un des personnages les plus marquants créés par le réalisateur japonais.
Afin de dévoiler le côté purement humain de ce porc dégouté de l'espèce humaine qui préfère être un chasseur de primes rebelle plutôt qu'un patriote envers un pays fasciste, Miyazaki lui coltine une jeune mécanicienne amoureuse de l'aviation aussi intrépide qu'imprudente. Les prises de vues sont tout simplement à tomber, le metteur en scène réussissant encore une fois à nous éblouir grâce à des plans aériens plus vrais que nature autour de décors peints à la main d'une beauté saisissante. Nous avons donc droit à des batailles aériennes passionnantes contre rivaux ou encore ces fameux pirates de l'air aussi débiles qu'attachants.
Vous l'aurez compris, Miyazaki conserve ses personnages (comme dans Le Château dans le Ciel ou encore Nausicäa, dix ans après) et nous les ressert à une nouvelle sauce typiquement italienne. Le ton du film est d'ailleurs plus adulte. En effet, toujours non dénué d'humour, Porco Rosso recèle tout de même d'une histoire moins infantile et d'un fond très sérieux : la continuelle bêtise humaine et ses guerres interminables mais aussi une profonde histoire d'amour déchirante (le terme est un peu fort peut-être) autour de notre héros, son acolyte féminin et son amour de jeunesse, formant ainsi un triangle amoureux passionnant. Au final, après la légère déception du très sobre Kiki la petite sorcière, ce sixième long-métrage prouve une nouvelle fois que Hayao Miyazaki demeure un dieu de l'animation, se surpassant sans arrêt film après film.