Porco Rosso
7.7
Porco Rosso

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1992)

Loin d'être un aficionado confirmé du Cinéma de Hayao Miyazaki je fut néanmoins plus que conquis par ce somptueux Porco Rosso, fable nimbée d'optimisme traitant de la montée du fascisme dans l'Italie adriatique de l'entre-deux-guerres ; commençant sans ambages dans le calme solitaire d'une crique au cœur de laquelle végète admirablement le personnage-titre ( figure de gauche étrangement victime d'un sortilège dont Miyazaki taira les raisons d'un bout à l'autre d'un métrage hautement élémentariste et visuellement ravissant ) cet animé nippon reste certainement un cas à part dans la filmographie du maître : plus contextuel que les autres films du cinéaste, arborant un imaginaire typiquement européen tout en accordant un soin tout particulier à l'humour et au sous-texte socio-politique Porco Rosso restera de fait moins universel, moins absolu que bon nombre des productions Ghibli passées et à venir...


Ce sont justement cette identité franchement prononcée, ce ton méridional sublimé par la voix de Jean Reno pour la version française et cette simplicité mêlée à une charge idéologique bien plus fine qu'elle n'y paraît de prime abord qui ont certainement fait davantage écho à mon imaginaire émotionnel que bien d'autres œuvres miyazakiennes postérieures. Réfutant le manichéisme tout en nuançant énormément la figure tour à tour héroïque, misogyne et sympathique de Marco ledit métrage tend vers une certaine épuration joliment salutaire au regard d'autres réalisations en partie décevantes à force de surenchère visuelle ( je pense entre autres choses au très amphigourique Château Ambulant sorti au début des années 2000...).


Ici Hayao Miyazaki semble s'en tenir à l'essentiel tout en abordant la question de la cause féminine avec finesse - car exempte de toute revendication unilatérale et stupidement revancharde - au travers du personnage de la jeune Fio, précieuse coéquipière du chasseur de primes un rien désabusé que représente Porco Rosso. Montrant la figure titulaire comme imparfaite et sertie de failles morales et de bons sentiments le réalisateur japonais parvient directement à nous inspirer de l'empathie à son encontre, personnage idéal à une certaine forme d'identification.


Capable de toucher aussi bien le jeune public par ses valeurs et son goût de l'aventure nautique et aérienne que les spectateurs plus adultes au gré d'un désenchantement parfois doux-amer Porco Rosso s'avère certes moins mature que l'excellent Princesse Mononoké, moins féérique que le très beau Voyage de Chihiro mais davantage limpide et efficace que ces derniers. L'un des meilleurs films de son auteur avec le resplendissant et simplement sublime Kiki la petite Sorcière. Une référence doublée d'un film culte.

stebbins
9
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le 21 juil. 2024

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