Carmine Amoroso dédie ce documentaire à une période-clé de l'histoire culturelle tant de l'Italie que du monde : le moment, dans les années 70, où, alors que la pornographie est interdite dans la plupart des pays, comme elle l'est encore aujourd'hui en Chine notamment, des gens ont décidé de tourner des films.
Porno e libertà est un très beau film. Voilà une chose qu'il est étonnant d'entendre dire étant donné le sujet et le genre, mais c'est un fait : c'est un beau film. C'est un beau film et un film important. C'est un film important par l'approche du sujet, qui est brillante, même si on peut lui reprocher notamment de n'être pas loin d'ignorer la critique faite par certaines mouvances du féminisme à l'égard de la pornographie, à savoir que ce sont des films faits par les hommes pour les hommes, qui tendent à objectifier la femme, ce que l'on pourrait résumer par le slogan : "La pornographie, c'est la théorie, le viol, c'est la pratique."
A travers de nombreux témoignages et images d'archives, le réalisateur cherche à transmettre une idée : la question de la représentation du sexe n'est pas à exclure du débat sur la liberté d'expression, elle est capitale et, dans notre monde occidentale qui s'imagine si libre, elle est centrale. Le puritanisme rode toujours aux marges de notre esprit et est prêt à surgir aux moindres bout de nichon que l'on verrait trop bien, à la moindre érection trop visible. Or, censurer la pornographie, c'est rogner sur la liberté, qui, comme le soulignait Jules Simon sous le Second Empire, est un bloc indivisible. Encore de nos jours, la pornographie et le sexe restent tabous, de ces sujets que l'on évoque avec un petit rire pour prendre de la distance et c'est un mal, car mettre à distance un sujet, c'est s'empêcher de le penser et de le débattre rationnellement et sans préjugé.
C'est enfin un beau film par l'émotion qui se dégage de ce portrait de ces gens, qui, parce qu'ils trouvaient aberrant de renier la chair, ont bravé la prison pour être libre de montrer un téton et quelques poils pubiens.
A free and civilized society should be judged by its willingness to accept porn.
Salman Rushdie