Un court-métrage sous forme d'essai animé souhaitant aborder le regard que l'on peut avoir sur la pornographie ? Original ! Se moquant (gentiment) des intellectuels et spécialistes en tout genre, Eric Ledune donne la parole à tout un panel de personnes (anonymes), toujours sous forme d'animation, n'hésitant pas à les entrecouper parfois de séquences assez « trash » représentant l'acte (mais jamais par des humains en « live »), justement dans le but de nous faire réagir sur le sujet. Qu'est-ce que la pornographie ? Pourquoi est-ce tabou ? À des questions pouvant paraître évidentes, l'entreprise démontre qu'elles sont loin de l'être, jusqu'à nous interroger sur sa définition même.
Si on peut discuter de certains raccourcis (déjà, il y a de plus en plus de « scènes de cul » dans les films et les séries, mais surtout on peut douter de leur intérêt quant à l'intrigue ! Voilà le vrai problème), les différents propos, à de rares exceptions près (volontaires), sont très pertinents, apportant tous un angle de vue différent sur la question, sans pour autant se contredire. Et Ledune d'en venir alors à son second point : un virulent pamphlet anticapitaliste contre la société de consommation, accusant au passage les grands groupes de tout contrôler afin de formater au maximum la pensée, les convictions de chacun.
Vous me direz qu'on s'éloigne du sujet premier, mais justement non. Le réalisateur montre à quel point la pornographie est très loin d'être le premier fléau actuel dans le monde, et combien d'autres images, infiniment plus choquantes et odieuses que celles de deux personnes en train de faire l'amour, passent à longueur de temps sur les chaînes sans que quiconque ne s'en offusque, preuve d'une très grande hypocrisie intellectuelle. Peut-être le réalisateur est-il même trop indulgent avec le porno : pas de réelles réserves ou de contrepoints , limitant légèrement la démonstration. Maintenant, je trouve que cela se tient grandement, que ce soit sur la forme, surprenante, audacieuse, que sur le fond, intelligent, pertinent, presque implacable et non sans humour. « Gaucho » ? Sans doute. Donnant une vraie matière à réflexion ? Surtout.