Quand je suis sortie de ma séance de cinéma et que mon acolyte m'a demandé ce que j'avais pensé du film, j'ai répondu que j'avais l'impression d'avoir mangé un excellent gâteau mais qu'en croquant dedans, quelques grains de sucres étaient mal dilués et que ça perturbait ma dégustation. Dans Portrait de la jeune fille en feu, mes grains de sucre étaient dans la diction. J'ai eu beaucoup de mal à me faire à la façon dont s'exprimaient les actrices, j'avais souvent l'impression que c'était surjoué et c'est le seul élément qui m'a perturbé.
Parce que, oui, ce film m'a époustouflée. Sur le coup, j'ai mis un 7/10, mais aujourd'hui, deux mois après l'avoir vu (bon, j'ai commencé à rédiger cette critique dix jours après ma séance cinéma mais je n'ai pas pris le temps de la terminer avant aujourd'hui), je n'arrête pas d'y penser, ce qui est assez rare, généralement j'arrive à passer à autre chose rapidement, mais là, il m'obsède. C'est donc un point de plus que j'accorde, le 8 n'avait pas été atteint à cause de la diction mais à bien y réfléchir, cela donne un aspect plus proche du réel (paradoxalement), en tout cas du réel de 1770. Le plus frappant est dans la forme : le film est magnifique, tous les plans sont de véritables tableaux, à chaque instant on peut se dire "tiens, ça ferait un chouette fond d'écran pour mon ordinateur". Ensuite sur le fond : des femmes, de l'homosexualité pire que taboue (1770 !!), l'avortement... bref, de sujets qui parlent au public contemporain et qui sont génialement abordés, portés à l'écran par Adèle Haenel, sur qui j'avais des a priori à cause de En Liberté, le pire film du monde ou presque et par Noémie Merlant, une superbe découverte, ainsi que Luàna Bajrami, un peu moins effrayante que dans L'heure de la sortie. Bref, un très beau travail de Célina Sciamma qui a réussi à faire couler quelques larmes dans les dernières scènes aussi magnifiques symboliquement que par la réalisation choisie.