Un doux moment sur tous les plans et les sens.
Celine Sciamma signe une œuvre à contretemps qui évoque pour la première fois dans sa filmographie l’amour entre deux femmes d’un point de vue historique,
Le portrait de la jeune fille en feu est à la fois une œuvre visuelle tant qu’un moment suspendu.
Le choix d’un dialogue minimal, réduit au delà de l’expression des sentiments, amplifie la portée de l’image. L’image, qui elle, est travaillée au cadre près: lumières, couleurs, vitesse, tout ressemble à une peinture, mais pourtant c’est la finalité même que les personnages fuient, une fatalité confirmée dès les premières scènes par l’esthétique extrême des choix de cadrage.
Le rythme est cadencé sur l’Été de Vivaldi, un des rares moments de musiques dans un long-métrage pourtant riche en sons, l’opéra final pèse et menace l’enchaînement du film dès le début, par une alternance amplifiée de temps calmes et forts, tensions et attendrissement, frustrations et satisfaction.
Historiquement, le sujet de l’amour interdit d’Adele Haenel et Noémie Merlant, bien que celle-ci se batte à sa façon, pour s’affranchir du carcan patriarcal dans lequel sa condition l’enferme, et initie aux joies d’une liberté, aussi éphémère soit-elle, l’Heloïse d’Adèle Haenel, le film est ralenti par quelques incohérences historiques, orales ou visuelles.
L’année 1770, au delà du contexte politique complexe qui précède la Révolution Française, est un choix presque évident dans le traitement de la condition de la Femme, qui ne joui d’une liberté que des plus limitées, puisqu’elles étaient contraintes de se marier, afin de sortir du couvent…
L’impression globale reste empreinte d’une force visuelle rare, et étonnement actuelle. Les parallèles temporels, bien que déjà connus dans le genre, restent mesurés et permettent d’apporter au film la touche de retenue finale, au même titre que les (trop ?) nombreuses métaphores travaillées à l’écran, dans un contrôle de la caméra classique et cadré, tout en restant un moment doux, même si prévisible, mais jamais décevant dans le registre émotionnel.
-queer palm et prix du scénario Cannes 2019-