Possession
7.2
Possession

Film de Andrzej Zulawski (1981)

Voyage au centre de la Folie, dans un contexte de Guerre Froide.

Bien que démarrant de manière très classique, un couple se sépare pour des motifs assez flous, dès le générique. Cela reflète aussi la situation de la ville où se déroule l’intrigue : Berlin qui est séparée en deux depuis la construction du Mur. Le scénario va se densifier jusqu’au final digne d'un Cronenberg qui m’a vraiment surpris. On apprend au fur et à mesure les raisons de cette séparation qui sont de plus en plus complexes.


Sam Neill (Mark) ne supportant pas l’absence de sa femme, Anna, interprétée par Isabelle Adjani, décide de la faire suivre par des privés. La méthode appliquée par ces derniers ressemble à celle des agents de la Stasi pendant la guerre froide pour découvrir ce que font les gens dans leur vie privée, de manière symbolique. Même Mark est surveillé par ceux qui gardent le Mur, ça met en avant le contrôle sous-jacent exercé sur la société allemande. Par ce biais là, le réalisateur aborde la difficulté d’être vraiment libre à Berlin pendant cette période.


N’arrivant pas à oublier sa femme, il souffre de dépression et fait un transfert sur l'institutrice de son fils. Il va tout faire pour la récupérer en allant jusqu’à harceler son amie et même son amant, en basculant dans une possession maladive. Cela contraste avec le personnage que l’on voit au début de film.


Le personnage d’Adjani démontre qu’une fragilité relationnelle et émotionnelle peut entraîner un isolement, amenant parfois à la folie, sans possibilité de rémission. Cette actrice montre la complexité de son jeu parce qu’elle se livre de manière extrême, dans son personnage. Cela est flagrant dans la scène de transe qu’elle a dans les couloirs du métro.


Sam Neill est stupéfiant en être possessif qui sombre dans une certaine démence pour retrouver sa femme coûte que coûte. Je comprends pourquoi Carpenter lui a proposé de jouer dans l’Antre de la Folie.


Les décors montrent l’état de la ville de Berlin en pleine Guerre froide mais, aussi, celui de la psyché des personnages. Ils provoquent tout deux, un sentiment de malaise chez le spectateur parce que tous les personnages ont des pathologies mentales assez lourdes. J’affirme cela parce qu’ils sont souvent seuls dans des endroits généralement très fréquentés : les rues, les quais dans les stations de train/métro, les restaurants. Cela reflète la perception de leur réalité altérée et la puissance du déni de leur état psychologique. Par ce procédé, le scénariste indique comment les deux systèmes politiques mis en place dans la ville de Berlin, rendent les personnes malades ou criminelles, en les contaminant par une idéologie qui n’est pas forcément celle qu’ils veulent au départ. Pour le couple, cela est symbolisé par la séparation non souhaitée par Mark.


L’autre aspect qui ressort fortement est la gestion de sa sexualité en tant qu’individu et dans le couple. Etant frustrée de l’absence de son conjoint, Anna décide de le tromper avec un homme qui lui propose de multiples expériences sexuelles pour la rendre heureuse. Elle affirme à son mari que le fait de se complaire dans le mal peut faire du bien, pour trouver un certain épanouissement personnel. Cette phrase est à double sens parce que cela signifie aussi quelque chose pour Sam Neill mais qui n’a rien à voir avec la sexualité.


On le comprendra que vers la fin du film.


D’autres personnages apparaissant dans le long métrage montrent clairement leur penchant sexuel de manière plus ou moins directe.


Le réalisateur distille à travers son film que la foi religieuse et le fait de croire que les choses peuvent s’arranger par elles-mêmes ne sauvent pas l’Homme dans certaines situations.


Il suffit de voir le final tragique pour s’en convaincre.


Il est difficile de noter un tel film qui aborde autant de choses par l’image, les décors, les personnages et leurs propos. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. On est à des années lumières du cinéma d'entertainment qui prend le spectateur par la main pour lui faire passer un bon moment.


C'est une véritable expérience cinématographie dans la psyché de plusieurs personnages ayant de grosses pathologies mentales. Il est difficile de rester impassible devant ce long métrage lorsque le générique de fin apparaît. D'où la nécessité d'écrire cette critique pour m'en libérer.

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le 27 nov. 2016

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Hawk

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