Je ne connaissais pas l'affaire Flactif, une famille du même nom qui a été tuée par un couple qui les hébergeait, et dont ces derniers enviaient le train de vie. Eric Guirado en a tiré un film où les noms ont été changés, mais ça se passe toujours en Savoie, où la famille Caron (incarnée par Julie Depardieu et Jérémie Rénier) quittent leur Nord natal pour s'installer dans une région enneigée afin de changer de vie. Lui va devenir mécano et elle femme de ménage pour une famille de promoteurs immobiliers (Lucien Jean-Baptiste et Alexandra Lamy), qui leur louent un chalet à très bon prix mais qu'ils doivent quitter durant la saison des sports d'hiver. Le fait qu'ils soient régulièrement déplacés est pour eux un manque de respect alors que cette cette dernière les aide autant qu'elle peut.
Mais c'est surtout le sentiment de jalousie, d'envie, de possession qui va attiser la famille Caron, jusqu'au drame...
Le réalisateur a fait le choix de montrer cette famille comme des beaufs, où Jérémie Rénier en fait des caisses avec ses 20 kilos, son survêtement comme seul habit, qu'il n'a pas l'air très fut-fut, et dont la seule passion est de rouler à fond la caisse avec de la musique électro. Pour un peu, il ne lui manque plus que la queue de renard sur le rétroviseur ! Julie Depardieu est davantage dans la sobriété, et est comme une victime impuissante, mais qui ne fait rien pour empêcher le drame.
Quant à Alexandra Lamy et Lucien Jean-Baptiste, on sent qu'ils manquent de consistance, car ils n'ont pas grand chose à défendre.
Mais il y a des partis-pris formels que je ne comprends pas, comme celui par exemple de flouter l'image une bonne partie du temps, comme par exemple les plans sur la montagne. Alors, un plan flou, ça peut désigner une attention, mais quand c'est aussi fréquent, j'ai du mal à me l'expliquer. Ensuite, c'est ce que je disais plus haut, à savoir cette écriture tellement cliché sur les gens du Nord.
Mais j'ai bien apprécié que par exemple on ne voie pas de procès à proprement parler, car le film se finit sur une porte qu'on toque, signe que la police va s'intéresser à eux. Mais la meilleure scène se trouve justement vers la fin, où une équipe de télévision va vouloir les interviewer, car ils savent qu'ils connaissaient la famille disparue et ils vont se prendre au jeu. Peu après, le reportage est diffusé à la télévision, et on voit le visage épanoui de Rénier se regardant parler devant les journalistes, et on sent que ces quelques secondes de gloire entre guillemets seront les plus belles de sa vie, car à ce moment-là, il s'est affranchi de la médiocrité de son existence, car il est passé à la télé.
Le film aurait mérité plus de simplicité, et à ne pas forcer le trait, et le résultat n'aurait sans doute pas déplu à Claude Chabrol, auquel on pense aussi devant cette folle histoire.