Poucelina
6.1
Poucelina

Long-métrage d'animation de Don Bluth (1994)

L'amour est dans le pré, les ennuis aussi

Une fermière vieillissante (veuve? jamais mariée? laissez tomber ...) désire un enfant plus que tout. Une sorcière lui refile une graine. De cette graine pousse une plante et de la fleur de cette plante sort une jeune fille de 16 ans toute habillée, sachant parfaitement parler et faisant 5 centimètres de haut (cherchez pas à comprendre ...) qu'elle nomme Poucelina. Celle-ci rêve d'épouser quelqu'un de sa taille. Ça tombe bien, le prince des fées du coin se promenait par là. Il ne leur faut pas beaucoup de temps pour tomber amoureux. Mais c'est compter sans son kidnapping par un immonde crapaud acharné à vouloir l'épouser, et quelques autres animaux à qui elle a tapé dans l'oeil bien malgré elle....


En tant qu'ancien du studio de l'oncle Walt, Don Bluth a tenté sa chance avec son propre studio dans les années 80 et remporté plusieurs succès non négligeables ("Brisby et le secret de NIMH", "Fievel et le nouveau Monde", "Le petit dinosaure et la vallée des merveilles") avec le soutien en production de Steven Spielberg, il a pu ainsi un temps concourir pour détrôner l'écurie Disney, artistiquement et même au box-office. Mais ces derniers ont lâché la grosse artillerie pour leur renaissance dès le tournant des années 90 avec coup sur coup "La petite sirène", "La Belle et la Bête", "Aladdin" et le coup de grâce, "Le Roi Lion".


Bluth a dû s'avouer vaincu devant cette orgie de moyens déployés, faire contre mauvaise fortune bon coeur face à la démesure de Disney et revint à une forme de représentation plus proche des débuts qu'il affectionne particulièrement ("Blanche-Neige", "Cendrillon", "La Belle au Bois dormant") pour adapter un conte de Hans Christian Andersen que la firme de Mickey n'a pas cherché à s'approprier, en préfigurant le design des personnages d'Anastasia, son dernier vrai succès. L'arrivée tonitruante de Pixar puis de Dreamworks SKG avec leur imagerie de synthèse aura sonné le glas de ses ambitions sur le marché de l'animation.


Je vais faire simple et lister les principaux défauts que je trouve gênants :



  • Les beaux décors de Paris au début et la campagne qui rappelle immédiatement le court-métrage "Le vieux Moulin" de 1937 vous pouvez les oublier pour le reste du film, et ce dès que l'oiseau ramène son bec au bout d'une minute au son d'un accordéon ...


  • De bons gros clichés, empruntés autant aux premiers longs-métrages Disney qu'aux contemporains du film (l'amour pratiquement au premier regard, la balade nocturne chantante en tapis vol... euh en bourdon, l'immortalisation du mariage sur un vitrail ...). Bon on peut pas vraiment en vouloir à Don Bluth vu d'où il vient...


  • De la niaiserie et de la mièvrerie en rafale. Trop de chansons, et 99% d'entre elles sont justes insupportables (les animaux de ferme, la musaraigne...), il n'y a guère que celle des scarabées qui surnage un peu, et encore. L'oiseau avec un pseudo-accent français dégueulasse c'est le pompon, on a envie de prendre un fusil et de le dégommer à chacune de ses apparitions (il aurait très bien pu aider notre héroïne à rentrer chez elle sur son dos dès le début et même à plusieurs autres reprises mais non, il est trop occupé à lui chanter des ballades à la morale floue et dégoulinantes de bons sentiments, avec ses incessants "Follow your heart" ...). C'était pas non plus très malin de lui faire citer Samson et Dalila ou Roméo et Juliette en tant qu' "histoires d'amours triomphant de l'impossible".


  • Des moments qui tombent comme des cheveux sur la soupe, comme ça juste pour faire avancer l'histoire ou qui servent à rien, comme la "mort" de l'oiseau. Personne n'est vraiment capable de venir en aide à l'héroïne mais là c'est très certainement pour respecter le déroulement du conte originel.


  • Un design de certains personnages vraiment douteux. Je pense à la famille de crapauds espagnols (ou italiens, on sait pas trop à les voir ....), celui de la mère en particulier, pour être poli on dirait plus une péripatéticienne qu'une foraine. Le méchant quant à lui est grotesque et sans envergure (un crapaud à grosses lèvres habillé en pierrot avec un bonnet de nuit, moins charismatique que ça je demande à voir). Pour les scènes du monde souterrain avec la musaraigne et la taupe on est bien loin de Brisby ...


  • Là où on s’attend à voir au moins un peu d'héroïsme de la part du prince c'est juste purement et simplement escamoté, il a vraiment la poisse : il est gelé pendant un bon quart (tiers?) du film, le duel est honteusement écourté, il tombe dans le vide, etc... Toute occasion est bonne pour le dégager le plus possible de l'histoire et c'en est presque énervant. Par contre l'oiseau, ce foutu oiseau, vous le verrez souvent ...



Reste le pilier du film : une héroïne pas mal dessinée du tout, un peu trop ingénue (beaucoup de choses lui paraissent impossibles) mais qui ne se laisse pas faire au bout du compte, et elle est fort bien doublée en version originale (Jodi Benson, la voix d'Ariel, la petite sirène). Elle aura bien mérité son beau Happy End après son odyssée dans ce monde de fous.

Créée

le 13 août 2012

Modifiée

le 1 sept. 2012

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Jackal

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