Il s'agit d'un film réalisé par Claude Chabrol en 1985. J'ai toujours abordé ce film avec un préjugé favorable. Mais, toujours, à la fin, j'en ressors en définitive pas très convaincu.
Même si Chabrol distille les informations au compte-goutte, on comprend très vite la coupure. Dans une petite ville, des notables magouillent un projet immobilier qui prévoit le rachat d'une grande propriété que les propriétaires refusent de vendre. L'histoire du pot de terre contre le pot de fer. Tous les moyens sont bons, d'un côté comme de l'autre, pour faire valoir leurs droits. Jusqu'à l'arrivée d'un inspecteur aux méthodes sinon curieuses, au moins musclées.
L'histoire, qui en vaut bien d'autres, évolue dans un milieu très glauque (on pourrait dire bien chabrolien ...) et pourrait s'avérer intéressante si elle ne se dispersait pas dans plusieurs directions qui vont finir par devenir essentielles. En clair, on s'installe dans le film dans une atmosphère de magouille et de bras de fer autour de cette affaire immobilière et on finit l'histoire sur autre chose. Soit…
L'autre intérêt potentiel du film c'est le casting.
Parmi les acteurs qui sont convaincants, il y a Stéphane Audran, une habituée chez Chabrol, qui joue ici très bien son rôle de femme handicapée aigrie et obstinée.
Lucas Belvaux, dans le rôle du facteur timide qui soutient sa mère mais rêve d'indépendance est pas mal non plus ainsi que l'effrontée et séduisante Pauline Lafont (qui a des airs de ressemblance avec Bernadette Lafont …).
Michel Bouquet dans le rôle du notaire cauteleux et bien-pensant, ce qui ne l'empêche pas d'entretenir une maîtresse capiteuse (Caroline Cellier) est évidemment excellent. Comme d'habitude.
Jean Topart, l'homme capable de faire pleurer le public en lisant l'annuaire, est pas mal dans le genre. In petto, j'avoue que je n'aimerais pas bien l'avoir pour toubib, mais enfin …
Et tranquillement j'en arrive à Jean Poiret. J'avoue humblement que je n'apprécie guère cet acteur dans sa façon générale de jouer. Il y a en particulier une sorte d'agressivité dans sa diction, un probablement apparent manque de nuances, un air de se foutre de la gueule de ses interlocuteurs qui fait que je n'adhère pas souvent à son jeu. Que ce soit chez Mocky, Molinaro, Camus ou ici, je retrouve ces mêmes points d'accroche.
En plus, ici le scénario le fait surajouter un aspect très border line dans son comportement rendant le personnage quand même assez invraisemblable… Passons, c'est le scénario du film qui le veut …
En conclusion, "Poulet au vinaigre" est un film qui se regarde sans ennui même si on a vite compris de quoi il s'agissait. Il est un peu décevant car l'histoire part un peu dans tous les sens. Le rôle de Poiret qui n'est pas très convaincant ni très vraisemblable, gâte un peu l'ensemble.
Finissons toutefois par une note optimiste. Lorsque j'ai vu le film à sa sortie, j'ai noté l'astuce de mettre du paprika sur les œufs au plat et je dois dire que c'est une fameuse idée que j'applique systématiquement !!!