Si Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud ont pour particularité de beaucoup s'adapter eux-mêmes, force est de reconnaître qu'ils le font avec inventivité et grand talent ! Il y a beau avoir quelques petits loupés, l'ensemble est un tel ravissement visuel, un tel plaisir de narration qu'on ne prête guère attention aux faiblesses de-ci de-là. Narré comme un conte à l'ancienne mais de façon étonnamment moderne, « Poulet aux Prunes » fait preuve d'une surprenante vivacité (surtout concernant une œuvre où la mort est omniprésente!), faisant appel aux différents genres hollywoodiens pour offrir une œuvre totalement inclassable, peuplé de personnages inoubliables (celui de Chiara Mastroianni est hypnotisant, Golshifteh Farahani bouleversante), parvenant constamment à se renouveler pour se conclure sur une magnifique histoire d'amour,
et entièrement muette, s'il vous plaît !
Celle-ci, digne des plus beaux mélos hollywoodiens, est incontestablement le morceau de bravoure d'un film sans doute imparfait, mais proposant tellement de qualités devenues rarissimes au cinéma que j'ai été sous le charme pratiquement du début à la fin, aussi bien du point de vue « simple spectateur » que purement cinéphile... Bref, si je comprends qu'on reste insensible à ce genre d'expérience, la magie a presque totalement opéré sur moi : encore une très belle réussite des auteurs du magnifique « Persepolis ».