Deux adolescents s’étreignent dans un cimetière indien pour le plus grand bonheur du renifleur de caleçon de Tromaville et des spectateurs en manque que nous sommes. Les deux tourtereaux se quittent néanmoins faute de pouvoir assumer une relation longue distance foncièrement voué à l’échec. Quelques années après, Arbie revient faire un pèlerinage sur le lieu de son dépucelage mais réalise qu’une franchise de fast food inspiré du KFC a racheté le terrain pour y installer sa nouvelle enseigne. Et comble de l’ironie, c’est que Wendy l’amour de sa vie est devenu une militante lesbienne participant à la manifestation d’un mouvement pseudo écolo-Vegan alter mondialiste souhaitant entraver le bon déroulement de la cérémonie d’ouverture. Face à cette trahison, Arbie rallie le camp de l’ennemi pour s’opposer à l’oppression fasciste des démocrates. Il va alors découvrir l’envers du décor et ses aspects les moins ragoûtants. Du genre les tâches ingrates qu’incombe son nouveau métier, le kilt ridicule dont il se voit affliger, sans même parler de ses collègues déficient qu’il doit supporter. Il y a Carl Jr un taré qui insémine les carcasses de poulet OGM, Paco le cuistot révolutionnaire qui apporte une touche un peu trop personnelle aux recettes, Humus la musulmane de la plonge qui planque une bombe sous sa burka (sans rire faut la voir désaper à la fin!) et le manager Denny qui après de longues années d’études se retrouve réduit à jouer les larbins du Général Lee Roy empoisonne. Mais les esprits des natifs américains vont profiter de la confusion ambiante et des normes d’hygiène désastreuse pour infliger des intoxications alimentaire en cascade, point d’entrée à un récital de déflagration et de diarrhée intestinales, des explosions viscérales, des projections de vomis, de sang et d’excrément recouvrant les murs du restaurant, contaminant l’ensemble des consommateurs qui vont se transformer en poulet mort vivant. La vengeance est un plat qui se mange bien gras.
Le trublion Lloyd Kaufman ne s’est en tout cas pas assagit avec le temps, on ne pourra pas lui reprocher d’avoir été plus généreux dans la dégueulasserie que dans n’importe quel fast-food d’amerlocks dans lequel vous mangerez, le film a d’ailleurs été produit à une période où le studio était bien mal en pis, ce qui a contraint son producteur à remettre la main au bassinet pour un budget avoisinant le demi-million de dollar à peine. Poultrygeist Night of the Chicken Dead aura tout de même nécessité la synergie de 2000 personnes, des techniciens et acteurs pour la plupart bénévole. Heureusement le magnat peut toujours compter sur une horde de fans dévoués voir même dégénérés au point de les exploiter sur les tournages en les faisant coucher à même le sol avec comme seul repas un sandwich jambon fromage et un sac de papier pour chiotte. Il est vrai que son réalisateur est bien connu pour être un embrouilleur de première quant il s’agit de payer les heures supplémentaires ou les salaires de ses équipes qu’il dirige d’une main de fer. On peut comprendre la réticence des banques et partenaires financier qui ont dû avoir vent de la nature de ce projet qui se paye le luxe d’être l’un des films les plus gore de tous les temps. Un argument supplémentaire s’il en est pour ce qui restera à n’en pas douter comme la plus grande réussite artistique de la Troma, ne souffrant jamais de baisse de rythme ou de ses ruptures de ton notamment lorsque les compositions nous offre un florilège d’insanités, de dévergondage et de provocation qui ne jure jamais avec la musicalité.
Ceux qui ont bossés dans le milieu de la restauration rapide devrait facilement y trouver un défouloir thérapeutique, ce qui fût d’ailleurs mon cas. Y pas de sous métier à ce qu’on dit, mais il faut savoir qu’il n’y a pas que des gens bien devant les fourneaux, il y a aussi des quotas de travailleurs handicapés que certains gros malin insultent de « COTOREP », il y a des étudiants, des repris de justices au sang chaud et des queutards qui souffle sur les Big Mac après les avoir fait tomber de la chaîne. Vous ne me croyez pas ? Vous pensez les règles sanitaires aussi strictes ? Que les employés prennent le soin d’aller se laver les mains à chaque fois que la sonnerie retenti ? Et bien détrompez-vous, je l’ai vu de mes propres yeux. Faut avoir vécu cette école de la vie au moins une fois pour comprendre à quel point ce genre d’entreprise peut s’avérer frustrante et ses pratiques managériales aussi absurde que parfois très injuste. Le monde du Fast-Food c’est un peu comme à l’armée et si on vous dit de sauter, vous répondez « Jusqu’où ? ». Un cadre idéal pour en livrer une comédie ou bien un film de zombie, parce qu’on ne va pas se mentir, c’est exactement ce à quoi on assimile les clients quant on y bosse et c'est aussi ce que l'on devient à force d'être conditionné au point de ne plus savoir penser par soit même.
Poultrygeist Night of the Chicken Dead s’attaque avec virulence à l’administration Bush et en profite pour régler ses comptes avec tout un large pan de la société. Comme d’habitude, Lloyd Kaufman dresse un portrait au vitriol de Tromaville et de ses habitants où l'on compte parmi eux les imbéciles heureux, les consommateurs obsessionnelles, les obèses à la manque, les écologistes hypocrites et intolérant, les républicains raciste et ignorant, les patrons avide de pouvoir et de pognon… bref il offre un large éventail de caractère truculent qui n’épargne rien ni personne. Le film ne fait absolument aucune concession et se permet même de soulever des sujets tabous sur l’establishment américain, l’immigration, les haines et croyances religieuses, l’homosexualité refoulé, ainsi que des dérives sociétales engendré par les travers du capitalisme, de l’American way of life et de ses mœurs exubérante. Le sujet en lui-même est une métaphore grossière pointant du doigt les origines du pays et de son implantation dans la violence. L’enseigne est prête à raser tout un cimetière pour s’installer sauvagement de la même manière que les colons chassèrent les populations Amérindiennes de leur terre.
Ajoutez à tout cela un zeste de romance et d’érotisme agrémenté de quelques belle paire de nichon bienvenue dans ce type de production salace entre la tripaille, le sirop de framboise et le Sloppy José et vous obtenez un cocktail parfait pour vos soirées entre potes, ou même solo. Sous ses atours de film beauf décérébré, de bourrin fan de métal et de gore, Poultrygeist Night of the Chicken Dead est belle et bien un vénérable film d’auteur estampillé Troma Entertainment, studio indépendant qui a permis à des auteurs tel que Matt Stone, Trey Parker (South Park) ou James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie) de s’épanouir. Vous ne resterez pas indifférent à la vision de ce parangon obscénités tant Lloyd Kaufman prend plaisir à outrepasser les limites du raisonnable, à marcher dessus et à vous adresser un doigt d’honneur en guise de remerciement. De rien, vous l'avez bien mérité…
Si tu es un zombie abruti par le consumérisme ou bien un crétin congénital obsédé par les réseaux sociaux… Il n’est pas trop tard pour te ramener à la vie. Rends-toi sur L’Écran Barge pour une dégustation gratuite de tripailles et de jambonneaux, du moins si tu es un cinéphile doté de bon goût et surtout d'un cerveau.