Les ravages des antibiotiques
Lloyd Kaufman m'embête à noter ; mais je pense que tout le monde est dans ce même cas.
Ce que j'aime chez lui, c'est cet amour du cinéma raté ; ce résistant artistique à séparer art et capital ; cette imagination ; ce sens de la débrouillardise inséparable à son style. Lloyd Kaufman est, je le pense sincèrement, un passage obligé pour toute personne désireuse de savoir ce qu'est le cinéma. Oui ; c'est minable. Oui ; c'est moche. Mais ça a le mérite d'être fait.
Je vous entend déjà vous dire "ouais mais hein ; Uwe Boll aussi fait des films mais en même temps, il faudrait pas parce que c'est mauvais !" Oui et je dirai même à celui qui me sortirait ça "tu as raison et tu mérites un bisou !" Mais il demeure une différence énorme entre ces deux personnages :
Lloyd Kaufman et Uwe Boll souffrent tout deux d'un même amour du mauvais goût assumé. Il n'y a qu'à voir postal du second pour comprendre cela. Mais là où les deux se différencient, c'est qu'Uwe Boll ne dispose d'aucune des qualités susmentionnées pour Kaufman. Uwe Boll n'a pas d'amour du cinéma. Il n'est d'ailleurs pas réalisateur, mais businessman. Là où Lloyd Kaufman fait du film mauvais pour le plaisir de faire du film, Uwe Boll fait du film mauvais pour le plaisir de se faire du fric.
Je vais arrêter la comparaison ici et quand même donner quelques lignes au film. Ce grand délire de poulets morts-vivants fait rire sur papier, mais est une véritable ode au dégoût une fois sur écran. J'avoue soutenir le film dans ses idées : les critiques sous-jacentes du système capitaliste qui sont sans doutes les seuls éléments réfléchis des films, l'anti-industrie alimentaire à la chaîne, la caricature argumentative, ...
Mais hélas, et cela n'applique que mes propres goûts, je prend très rarement mon pied sur une blague pipi-caca-vomi. Et le film dégouline de ça. En plus, le film est vraiment long sur a fin. Heureusement, le gore purement gratuit nous permet de ne pas décrocher. Et la cheerleader est franchement mignonne.
Pour ce qui est de l'aspect de la comédie musicale, c'est complètement raté. Dans le même style, les compositions de Trey Parker, réussissent simplement parce que Parker est bon dans le domaine musical. En plus, lorsque le casting chante mal, c'est difficile après 5 ou 6 chansons. Heureusement, Lloyd ne nous en imposent pas énormément.
Bref, même avec un 3, je vous assure que ce film vaut tout de même plus la peine que l'ensemble de la filmo de types comme Uwe Boll. Après, si vous aimez l'humour purement trash-pipi caca-jaillissant explosion-de-vomi ; jetez-vous dessus sans hésiter ; vous banderez.