Voilà un bon moment que les productions Troma m’observent du coin de l’oeil, comme pour me dire « Allez viens ! On est bien ! », et arrive toujours un moment où, quand on se retrouve avec des potes, des bières et un joint sous la main, on décide de lancer un film en sachant pertinemment que tout le monde n’est pas prêt pour ce genre de conneries. Après avoir découvert The Toxic Avenger, film qui à lui seul, en plus de donner une bonne leçon de comédie horrifique, invite cordialement Marvel à se tailler tous ses films en biseau pour se les ranger dans un endroit que la morale réprouve, il était temps de passer au niveau supérieur. Et par chance, Poultrygeist est dispo sur YouTube (The Toxic Avenger aussi, si jamais vous le cherchez).
J'aime beaucoup la trilogie du Mauvais Goût de Peter Jackson, sincèrement. Mais force est d'admettre que Pete se retrouve ici relégué au rang de petit joueur de bonneteau en ce qui concerne le Sale. Avec Poultrygeist, bienvenue dans un film qui éclaboussera votre âme à coups de diarrhée, un foutoir absolu de random, de gore, de cul, de vomi et de caca. On y retrouve des explosions organiques, de la comédie musicale, des pancartes « Libérez José Bové », des balais dans le cul (littéralement), des membres amputés, déchiquetés, broyés, des rednecks, Ron Jeremy, du sang vert, des décors recouverts de tripes et de fluides corporels coulants et explosifs du sol au plafond, des blagues méchantes sur les arabes et les lesbiennes et surtout, des poulets-garous-zombies. Le tout en se foutant de la gueule de KFC et des fast foods en général. C’est d’une parfaite dégueulasserie, et ce film a la capacité exceptionnelle de vous faire oublier en 5 minutes la petite fringale que vous aviez avant de le lancer (le kebab de fin de soirée, ce sera pour une autre fois). C’est une sorte de mélange d’humour absurde et d’humour noir, mais le tout enrobé dans ce qui ressemble à de la chiasse de porc ensanglantée. Et en vrai, c’est génial.
C’est génial parce que Lloyd Kaufman a réussi à montrer que la liberté absolue peut exister au cinéma, qu’on peut faire des films cultes en assumant ses délires, quelles que soient les conneries qu’on veut foutre dedans. Ce film est un encouragement à tous ceux qui veulent faire du cinéma mais qui se demandent si « on peut faire ça ». Hé ben oui, on peut. Le mauvais goût est poussé à l’extrême, le but est de s’amuser dans un immense défouloir où tout est possible et ça, c’est beau. Et au-delà de ça, on en dira ce qu’on voudra, mais ce film est d’une inventivité rare, et ses effets spéciaux façon DIY valent mille fois n’importe quelle merde en numérique générique. Une ode au Rien-à-branler. J’aurais donné un rein pour assister à une séance d’écriture de ce film.
- Et là la gamine elle chie un oeuf mutant.
- Pourquoi des oeufs mutants ?
- Bah parce que c’est marrant.
- … Ouais, c’est vrai que c’est marrant. Allez ! Va pour les oeufs mutants. La scène des toilettes maintenant, des idées ?
Au moment de noter ce film, j’hésitais entre 2, 5 et 9, parce que ce film n’est pas décemment notable. Et c’est ce qui fait son génie. En fait je pense que c'est plus ou moins ce qu'aurait été les Monty Python s'ils avaient décidé de donner dans l'immondice.
Troma, on m’avait beaucoup parlé de toi, et maintenant je comprends pourquoi. On ne se connaît pas depuis longtemps, mais crois-moi, on va se revoir…