Voilà une comédie qui n'a pas disparu de la circulation. Ce n'est pas la meilleure de l'époque mais elle tient largement la route. Déjà, elle bénéficie de la réalisation d'Edouard Molinaro qui connaît la chanson et sait emballer des comédies efficaces tout en sachant maîtriser d'autres ambiances (l'aspect braquage très noir, la musique inquiétante à souhait, la photo granuleuse comme dans un polar des années 1970 ou, au hasard, dans la droite ligne de L'Emmerdeur, la comédie majuscule d'Édouard Molinaro). Elle est, en outre, avantagée par son joli trio réunissant Daniel Auteuil, Gérard Jugnot et Anémone (Auteuil et Jugnot ayant été moins gâtés quatre ans plus tôt par la comédie douce-amère Les Héros n'ont pas froid aux oreilles d'une fadeur sans nom).
Ici, ce n'est pas la franche rigolade mais on retrouve ces comédies sociales typiques de l'époque. Deux copains un peu losers, sans le sou, dans une société qui n'a pas trop de place pour eux, ont l'idée de braquer une banque en mettant sur pied un improbable stratagème. Daniel Auteuil joue les playboys de service (comme souvent à l'époque) pour trouver un lit où coucher (l'occasion de voir quelques femmes à poil évidemment), Gérard Jugnot fait le brave type franchouillard et Anémone endossera le rôle de l'otage amoureuse (comme souvent à l'époque).
Sur le papier, ce n'est pas formidable mais le résultat reste tout à fait honnête, notamment grâce à une interprétation de premier ordre et une ribambelle de seconds rôles qui sont tous soignés. L'ensemble est mené sur un bon rythme et Edouard Molinaro parvient à mélanger comédie, policier et peinture sociale avec habileté. Un divertissement solide qui traverse bon pied, bon oeil les affres du temps.