la mélancolie, le détachement, la fixité et l’inconfort

J’aime bien Vincent Macaigne acteur, sa façon de parler et sa mélancolie. Certes, il joue souvent le même rôle, et plus ou moins dans les mêmes films, mais il le joue bien : s’il y a Vincent Macaigne dans un (souvent premier) film français, je suis content, et je suis sûr de passer un moment au moins un peu bien.
Alors j’étais curieux de voir ce que ça donnait, un film de Vincent Macaigne (et sans Vincent Macaigne)


Le beau visage triste de Pauline, en larme, prisonnier d’un cadre étriqué presque carré qui ouvre le film (et qui vient le conclure) est un long plan fixe vachement programmatique, qui annonce la couleur : la tristesse, le détachement, la fixité, l’inconfort. On peut ne pas l'aimer, mais au moins, le film ne nous trompe pas sur la marchandise, dès ce plan de Pauline, on est prévenus :
- Ce film sera triste, sombre, mélancolique.
- Ce film (ab)use du plan fixe. Le film prend le temps de filmer les visages des personnages, d’en montrer les émotions et d’en emprisonner certains dans cette campagne : ces personnages souffrent de cet enracinement mortifère, et jalousent ceux qui ont pu le quitter.
- Ce film parlera de détachement au réel, comme l’est le monologue de Pauline, trop bien écrit pour sonner vrai (mais il sonne juste). Le film oscille en fait entre enracinement et détachement : détachement de Pascal, indifférent à tout, détachement de Pauline, et de Joséphine, doucement excentriques...
- Ce film sera inconfortable, dur comme l’est le gros plan d’une jeune femme en larme. Et comme le sont par la suite les rapports entre Pascal et sa sœur et leurs « amis », mâtinés d’aigreur, de jalousie, d’impuissance et de lutte des classes.


Un film pas vraiment funkie, donc. Mais un beau film personnel, qui déploie des sentiments complexes, c’est rare et c’est bieng .

TomCluzeau
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le 25 oct. 2017

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Tom Cluzeau

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