Le vaudeville, pour Lucas Belvaux, évite la gaudriole et donne de l'épaisseur aux personnages. Le trio classique de l'adultère s'en trouve bien mieux. Surtout que le point de vue du réalisateur offre une approche plus singulière en ce sens que ce n'est pas tant le mari qui est trompé que l'épouse et son amant qui ne se savent pas découverts. Ainsi Jean-Pierre Léaud, dans le rôle dénué de ridicule du cocu, se met-il à espionner les amants puis a l'audace d'entrer incognito dans la vie de son rival. De quoi faire naître quelques situations et face-à-face cocasses, notamment lorsque l'amant confie ses impressions d'amant au mari.
Au-delà de la comédie, le mérite du film est de manifester une humanité attachante, aussi éloignée de la pantalonnade que du drame sentimental. La sincérité et la gentillesse désarmantes d'Antoine Chappey (l'amant), les hésitations amoureuses et le cas de conscience d'Ornella Muti (l'épouse infidèle), autant que la posture de Léaud, entre ressentiment et volonté de comprendre, dévoilent de subtiles émotions grâce auxquelles on peut mesurer, derrière la façade de la comédie, les amères réalités de l'adultère.
Enfin, "Pour rire" permet à Léaud, la mèche toujours rebelle, une savoureuse interprétation qui ne déparera pas avec les turpitudes conjugales d'un certain Antoine Doinel.