Pour les premiers sourires bouleversants des enfants à naître
Pour les chansons des mariages qui couvrent encore le fracas des bombes
Pour la solidarité, l'amour et la liberté guidant les peuples vers des rêves d'avenir
Pour la vie qui résiste comme une plante se dressant de toute sa fragile fierté au milieu des décombres et des ruines
Pour un simple fruit offert comme le plus extraordinaire des cadeaux
Pour le désespoir déchirant d'une mère emportant son enfant mort comme on porte le fardeau d'un deuil trop lourd
Pour cette gamine qui essuie avec une tendresse infinie les larmes de sa mère résignée.
Pour les carcasses calcinées de bus repeintes aux couleurs de l'espoir
Pour ces enfants morts nés qui reviennent à la vie par la force de celles et ceux qui refusent le diktat de la mort.
Pour crever les orbites de ceux qui refusent de voir les horreurs de la guerre au point de se cacher derrière l'excuse abjecte du voyeurisme.
Pour que les révoltés en pantoufles, les indignés des réseaux sociaux comprennent le sens et le sacrifice de la vraie résistance.
Pour que tous ces connards obtus regardant les migrants avec mépris dans le confort de leurs vies rangées et bouffies d'individualisme mesurent enfin combien l'exil peut être un sacrifice plus grand encore que la mort pour ceux qui perdent tout.
Pour le regard bouleversant et lumineux de Waad al-Kateab
Pour tous les gosses perdus dans les tumultes ignobles des jeux barbares des adultes
Pour m'avoir fait toucher du bout du cœur l'oppressante barbarie de la répression d'un peuple laissé à l'abandon.
Pour la rage au ventre et les larmes aux yeux qui m'accompagne à chaque seconde et le silence que le film impose après le fracas
Pour la puissante déflagration d'un témoignage qui a le courage insensé de nous plonger au plus profond de l'horreur
Pour les visages, les images et les sensations qui resteront graver comme des cicatrices
Pour Sama tout simplement