Emouvant. Terrifiant. Révoltant. Indispensable, probablement.
Impossible surtout de voir ce film aujourd'hui sans penser à l'Ukraine et à ceux qui vivent le même cauchemar. La situation n'est pas identique mais les rapprochements "sautent aux yeux". Dans le film, ce sont des avions russes qui larguent des bombes sur Alep , ce sont des innocents qui vivent la peur au ventre, qui souffrent et meurent tous les jours. On a là aussi des gens qui se battent pour leur liberté, qui résistent tant bien que mal et qui, même pour les plus militants, finissent pas tenter de prendre le chemin de l'exil.
Ce documentaire est édifiant. Le genre de film que tout le monde devrait voir. Après ça, difficile de cracher sur ces "migrants", de les rejeter, de vouloir leur interdire l'asile.
La réalisatrice de ce film a commencé à prendre des images dès 2011 et le soulèvement contre Bashar El-Assad. Il s'agit de témoigner avant tout, de montrer l'Histoire en marche, la résistance mais aussi la terreur. En parallèle, à ces prises d'images, la journaliste continue de vivre. Avec celui qui deviendra son mari, elle combat pour la liberté. Elle tombe amoureuse et attend un enfant. C'est à ce moment que nait aussi ce film, une œuvre pour sa fille, pour lui transmettre le passé, les doutes, les peurs, les choix de ses parents, à elle dont l'existence même incarne les espoirs qui les portent. Celui d'un monde meilleur, d'une Syrie libre. Faire un enfant en pleine guerre n'est pas simple ni anodin, pour l'enfant, bien sûr, mais aussi pour les parents. C'est un risque, mais aussi une promesse, comme ces arbres qu'ils plantent en espérant des jours meilleurs.
Le film montre le quotidien précaire des habitants d'Alep assiégée, les bombes, et surtout les victimes qu'il faut sauver, les enfants qui meurent sous les yeux de leurs proches (car son mari ouvre un hôpital pour soigner les blessés). Mais toujours aussi l'espoir, les efforts pour que les enfants s'amusent un peu, les rires et même les miracles, comme dans cette scène insoutenable où l'on ne rate rien de la césarienne et des efforts du médecin pour sauver le bébé dont le pouls s'est arrêté, alors que la mère a été blessée par des fragments d'une bombe...
For Sama montre aussi à quel point le désir de rentrer chez soi peut être fort, même sous les bombes, que la migration est rarement choisie, et pas du luxe. Je crois que c'est important de comprendre cela.
Bref, un film émouvant mais beau, triste mais "positif", car il montre que le courage et la résistance existent, et donc que l'espoir est encore permis.