L'anglais Mike Figgis,dont on n'a plus beaucoup de nouvelles aujourd'hui,a été un des bons réalisateurs des années 80-90,donnant des oeuvres telles que "Stormy Monday","Leaving Las Vegas",ou le formidable polar "Affaires privées",avec Richard Gere.Il présente la particularité,comme John Carpenter et quelques autres,d'être aussi musicien et compositeur de la BO de ses films.La bande originale de "Pour une nuit" est d'ailleurs excellente et change agréablement des collections de hits qui tiennent lieu de musique à la plupart des films actuels."One night stand" est un joli film,très singulier.On y suit le parcours de Max,réalisateur de pubs coté à Los Angeles,qui fait un court séjour professionnel à New York qui va le changer et modifier le cours de sa vie.Il renoue les liens avec Charlie,son ex-meilleur ami avec qui il était fâché,et rencontre la belle Karine,avec qui il passe la nuit.Mais Charlie,qui est gay,est atteint du SIDA.Quant à Karine,ce coup d'un soir est aussi un coup de coeur mais,tous deux étant mariés,ni Max ni elle ne veulent se l'avouer.Profondément perturbé par tout ça,il rentre à L.A. mais ne parvient pas à reprendre normalement son existence.Il se désintéresse de son couple,de sa vie sociale,de son boulot.Un an plus tard,il retourne à New York.Charlie est mourant à l'hôpital,et il retombe par hasard sur Karine,dont il découvre avec surprise l'identité.Et cette fois,sa vie va basculer définitivement.Le film pourrait être pesant et ennuyeux,mais il n'en est rien.On est clairement dans un mélodrame basé sur les dialogues,ce qui n'empêche pas Figgis,peut-être grâce à sa qualité de musicien,d'imprimer du rythme et de la variété à ses scènes.On est constamment surpris par les détours de l'histoire et les discussions autour d'une table se révèlent passionnantes.Le cinéaste varie les angles,capte les regards et les non-dits,ne cadre pas toujours le personnage qui parle et filme la plupart du temps en plans serrés,ce qui renforce la proximité avec les personnages.Il sait également aérer l'atmosphère à l'occasion et le plan-séquence d'ouverture,quand Max marche dans les rues de New York au milieu de la foule en parlant face caméra,est absolument bluffant.L'histoire de Max est celle d'une double renaissance sentimentale immédiatement perdue.Il retrouve Charlie au moment où celui-ci va mourir,il rencontre Karine pour la quitter aussitôt.La mort de son ami lui fera prendre conscience de la fragilité de la vie et l'incitera à revoir ses priorités et à ne plus perdre de temps.Les rapports entre les personnages sont magnifiques et émouvants,sans tomber dans le mélo larmoyant.L'amitié entre Max et Charlie donne lieu à des moments bouleversants et l'on comprend que si Max n'était pas hétéro ce serait une histoire d'amour.Dans le rôle de Max,Wesley Snipes prouve qu'avant d'être un actioner de série Z il a été un grand acteur,signant une performance tout en retenue.Nastassja Kinski interprète Karine avec finesse et sensibilité.Mais évidemment,celui qui remporte la mise,c'est Robert Downey,qui joue Charlie et éclabousse le film de son charisme et de son génie dramatique.