Une bonne mise en bouche pour les deux suivants

En consultant une de mes listes, j'ai remarqué avoir mis 9 à ce film, et soudain je me suis rendu compte que je n'en avais que de vagues souvenirs. Puisque je l'avais en stock, je me suis dit que c'était une bonne occasion de le revoir pour m'en faire une fraiche opinion.

Je ne l'apprends à personne, Pour une Poignée de Dollars est le premier épisode de ce qui a été appelé la "trilogie du dollar" de ce grand "Sergio the Leone of the West". Ici, pas de Lee Van Cleef, ce qui laisse Clint Eastwood un peu seul pour tenir le rôle du personnage charismatique, même si Gian Maria Volonte (que l'on retrouvera dans l'épisode suivant) offre une performance convaincante. Comme si c'était une question d'habitude, les musiques de Pour une Poignée de Dollars par Ennio Morricone sont fantastiques, et permettent de combler certaines lacunes scénaristiques ou de mise en scène, ingrédients que l'on a connu bien mieux maitrisés par Sergio Leone parmi ses créations cinématographiques.

Certes, les décors sont beaux (cette ville à la blancheur d'albâtre donne un certain cachet à l'ambiance), le jeu des plans et des couleurs voilés par intermittence de fins écrans de poussière sont sympathiques, mais on a tout de même connu bien mieux. Nul doute que ce film n'aurait pas atteint la moyenne sans Clint et Ennio Morricone. Car Clint est encore une fois impressionnant, simple, charismatique, fortement aidé par un regard et une posture capables d'exprimer une bonne "poignée" d'émotions différentes. Bien que le rythme du film ne devienne jamais véritablement longuet, il faut tout de même reconnaitre que Sergio aurait difficilement pu parvenir à prolonger la durée de ce film sans endormir le spectateur, même en travaillant différemment certains plans et certaines scènes. Ainsi, je trouve que la durée du film colle parfaitement à l'ensemble de l'œuvre.

Mais bien que le scénario ne soit pas une référence à proprement parler, il est tout de même accrocheur et bien étudié. A titre de comparaison, même si je n'aime pas vraiment ça, Kurosawa dans un style différent mais au fond semblable, avait fait plus convaincant avec Yojimbo. Toutefois, cette rivalité de deux camps dominateurs d'une même ville, tellement obnubilés par le désir de renforcer plus encore leur emprise qu'ils laissent un étranger sans nom à la gâchette rapide, précise et redoutable guider leurs actions, est dans le fond très appréciable. Lorsqu'une porte vers la victoire s'ouvre, l'avide ne parvient que très rarement à deviner le piège, et fonce par la porte grande ouverte comme un déshydraté se jetterait dans une oasis au milieu du désert. C'est sur cette avidité et cette soif de pouvoir vicieuse qu'insiste Sergio Leone ici : il démontre le mal que peuvent provoquer des ambitions démesurées envers les "innocents", qui comme toujours, payent le prix fort, mais également l'avidité, même calculée, qui emporte forcément de dangereuses conséquences à un moment ou à une autre. Clint s'essaie au double-jeu pour tirer deux fois plus de profits dans cette ville autarcique, et peu importe la raison pour laquelle il le fait, il s'expose ainsi à devoir régler à tout moment une note plutôt salée.

Globalement, Pour une Poignée de Dollars reste un bon "western-spaghetti" (je n'aime pas vraiment cette appellation...) et nous offre une bonne introduction aux deux films suivants de cette trilogie qui n'en est pas vraiment une de Sergio Leone. Surtout, cet épisode marque l'apparition à l'écran du fameux cowboy solitaire au poncho, au regard électrique, à la posture arrogante mais à la morale fondée, qui dégaine aussi vite qu'il allume son cigare, lequel ne le quittera plus.

Le poncho + la classe + le regard clair avec sourcils froncés + le cigare + le six-coups = The Man With No Name.

Hail To The Clint !!!
Taurusel

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