Il était une fois Jamel Debbouze, petit humoriste parisien ayant gravi les échelons, un self-made man qui fut à un moment donné l'acteur le mieux payé de France. Cartonnant à la TV, au cinéma, sur scène, Jamel s'est même offert une émission de stand-up avec son nom en haut de l'affiche. Un golden boy moderne. Pas stupide pour un sou en dépit de son humour principalement basé sur des fautes de français, il décide d'adapter le roman britannique "Pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis. En long-métrage d'animation. En motion-capture (ça coûte moins cher). Un pari audacieux, d'autant plus que Jamel n'a jamais réalisé quoique que ce soit.
L'aventure est longue et semée d'embûches, mais le petit Jamel va pourtant continuer, s'entourant de sept scénaristes et dialoguistes afin de peaufiner son scénario (dont Frédéric Fougea, spécialiste dans le domaine simiesque) et profiter de son budget confortable (mais tout de même moins imposant que celui des Bronzés 3) pour proposer du jamais vu dans l'animation française. Et ça, il va y arriver. Il ira même jusqu'à ressusciter Louis de Funès pour un petit rôle (lamentablement doublé par l'humoriste Patrice Thibaud). Bref, Jamel en veut. Résultat : il sort en 2015 le premier film d'animation français en motion-capture, la première adaptation du roman culte de Lewis et ils vécurent heu... Non.
Parce que le petit Jamel a un sacré égo surdimensionné, du coup il s'offre le rôle principal, file le deuxième à sa moitié même si elle n'est pas super comédienne, laisse le reste de ses acteurs improviser et vu qu'il y connait nibe en réalisation et que ses seules participations à un dessin animé c'était le rôle d'un singe dans Dinosaure (tout est lié) et une apparition dans Monstres Academy, il se croit légitime. Sauf que c'est jamais drôle, jamais épique, ennuyeux, avec des dialogues d'une paresse incommensurable, des textures désuètes, une animation approximative, un son réglé par un stagiaire, des décors dignes d'un jeu PS2, à la dynamique inexistante et à la scénographie amatrice.
À des années-lumière des autres films du genre (avec le même budget, Astier et Louis Clichy ont quand même pondu Le Domaine des Dieux l'année précédente), n'exploitant jamais le potentiel du livre et proposant un humour bas du front ne seyant pas plus aux gosses qu'aux plus âgés, Pourquoi j'ai pas mangé mon père est plus proche de l'étron flottant dans la piscine que du chef-d'œuvre de l'animation française. C'est laid, débile, chiant et prétentieux. C'est donc dispensable, évitable et peu recommandable.