Edouard Niermans signe un petit polar eighties sympathique, sombre et dépressif mais jamais désespéré, qui vaut au moins autant pour son ambiance désenchantée et ses héros marginaux que pour son intrigue policière, plutôt bien ficelée mais assez prévisible.
"Poussière d'ange" est porté par un Bernard Giraudeau au sommet de sa popularité, au cœur d'une décennie qui restera la plus prolifique de sa carrière. Le comédien incarne un flic au fond du trou, anéanti par le départ de sa femme et presque en voie de clochardisation.
La rencontre fortuite avec une jeune paumée au comportement étrange (Fanny Bastien, juvénile et débraillée) va paradoxalement le remettre en selle, de même que sa volonté farouche de retrouver la trace de son épouse (Fanny Cottençon, hélas peu présente à l'écran).
Certes non dénuée de maladresses, la mise en scène de Niermans sait installer une atmosphère étrange et inquiétante, faisant la part belle à des décors singuliers et ciné-géniques, parfois surréalistes (la nuit au supermarché), parfois majestueux (l'orphelinat, le musée), presque toujours de grands espaces pratiquement vides (le commissariat en mode hangar, le repaire de Gabriel, les rues désertes...).
Si ses grandes lignes apparaissent parfois cousues de fil blanc, le scénario co-signé par un certain Jacques Audiard exploite bien ces lieux atypiques et cette ambiance mélancolique, souvent nocturne, reflet de la psychologie des deux héros, mais aussi de la plupart des personnages secondaires, parmi lesquels on croise un homosexuel éloigné des stéréotypes de l'époque (Jean-Pierre Sentier).
Petit clin d'œil au passage, on notera l'omniprésence du football en arrière-plan du récit, "Poussière d'ange" ayant été tourné dans la foulée du mythique Mundial 86, deux ans après le triomphe des Bleus à domicile lors de l'Euro 84.