L'itinéraire affectif de deux adolescents (Yuan et À Yun) constitue la trame de ce très beau film de 1986 en version restaurée de Hou Hsiao-hen après "un temps pour vivre, un temps pour mourir" davantage autobiographique.
C'est une histoire de vie entre ces deux jeunes êtres, tissée autour de leur quotidien, de leur entraide, de leur démarrage dans le monde des adultes, avec une narration centrée par la lumière, le passage, des trajectoires qui se font ou se défont, alors que le Taiwan capitaliste palpite.
On est dans le flottement, l'abandon de l'enfance, le vacillement de l'amour adolescente, qui ne se dira que très peu ou se dira avec beaucoup de retenue.
On oscille dès le premier plan époustouflant (point lumineux qui laisse voir peu à peu le tunnel en perspective du train qui avance). entre village de montagne et la grande ville bruissante (Taipei), au rythme des déplacements ( train, scooters,...). Mais aussi des allers retours dans le temps, la mémoire, un passé hanté par une violence à peine esquissée mais au fond de tous les esprits.
Rien n'est véritablement dit, tout est ressenti entre temps et lumière qui se catapulte au gré d'un montage particulièrement fin.
Au village, la famille élargie règne avec ses codes, ses injonctions, ses peurs, où le grand père est investi du rôle de leader charismatique, sollicite les éléments, les ancêtres, flatte la jeunesse, la clope au bec.
A l'inverse de ce Taipei labyrinthique, clair et obscur, où se croisent bandes de copains, de rivaux, de petites frappes, d'artistes en herbe, de jeunes filles sérieuses mais pas farouches. Alternent les appartements où le collectif construit son existence, et les rues grouillantes,et aventurières, où le flux se dévide. A l'intérieur, beaucoup de plans fixes rappelant Ozu ou même Kurosawa, mais aussi Antonioni.
Par touche délicate où l'émotion affleure, les visages, les regards, les gestes du quotidien magnétisent l'œil tout au long du film, jusqu'à l'issue mélancolique, la rupture finale selon une incroyable pudeur, une fugacité à la fois légère et grave, qui bouleverse.

Goguengris
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le 18 août 2016

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