P comme Prolétariat
A une époque où Jean-Luc Godard bénéficie d'une grande liberté politique et artistique ce bien-nommé Pravda fait figure d'oeuvre militante particulièrement aride et réflexive, sorte de reflet...
Par
le 18 août 2015
1 j'aime
2
Documentaire de Jean-Henri Roger, Jean-Pierre Gorin, Groupe Dziga Vertov et Jean-Luc Godard (1969)
A une époque où Jean-Luc Godard bénéficie d'une grande liberté politique et artistique ce bien-nommé Pravda fait figure d'oeuvre militante particulièrement aride et réflexive, sorte de reflet critique de l'idéologie capitaliste sévissant dans les pays d'Europe de l'Est. Le film est en fait une partie intégrante des productions du collectif Dziga Vertov, groupe incluant également le réalisateur Jean-Henri Roger, sorte d'association cinématographique pro-maoïste cherchant à réveiller la pensée prolétarienne sous la forme d'une réflexion sur les images et les sons, leurs vérités et leurs mensonges...
Produit par les télévisions de l'époque ( moins frileuses que celles d'aujourd'hui ) et tourné intégralement en Tchécoslovaquie en 1969 Pravda décline une pensée d'extrême-gauche purement engagée sous la forme de quatre chapitres significatifs, accompagnée d'une voix-off quasiment incessante et d'un flot d'images souvent prises sur le vif de l'action. Soutenu, exigent voire suscitant un certain hermétisme Pravda fait figure d'oeuvre courageuse, ne recherchant ni la sympathie des politiques européennes ni l'adhésion des spectateurs néophytes... Le film requiert effectivement une certaine connaissance des idées marxistes-léninistes, ou d'une moins une admission préalable du cinéma godardien ; il faut alors accepter de ne pas tout comprendre à cette longue dissertation idéologique, souvent parasitée par les jeux sonores et visuels de Jean-Luc Godard. Malgré sa courte durée Pravda témoigne d'une réelle densité parfois un tantinet redondante et indigeste, justement perdu dans sa dialectique construite sur une contradiction : ou comment, après les fantômes de Mai 68, éveiller la conscience du prolétaire pour mieux façonner son esprit d'intellectuel brimé par le bourgeois... Un film digne d'intérêts, visiblement tourné dans des conditions difficiles puisque les tchécoslovaques furent plutôt réticents au projet du groupe Dziga Vertov, peu capables d'accepter la vérité d'un capitalisme hégémonique et complètement travesti en une sorte de gauche trop rouge pour être juste... C'est à voir !
Créée
le 18 août 2015
Critique lue 322 fois
1 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Pravda
A une époque où Jean-Luc Godard bénéficie d'une grande liberté politique et artistique ce bien-nommé Pravda fait figure d'oeuvre militante particulièrement aride et réflexive, sorte de reflet...
Par
le 18 août 2015
1 j'aime
2
Non noté. Documentaire étonnant sur la vie en Tchécoslovaquie, sur la dichotomie à avoir entre réformistes et révolutionnaires, « vrai rouge » et « faux rouge ».
Par
le 22 sept. 2024
Pravda appartient à cette époque où Godard, alors le cinéaste le plus célèbre en France, et l’un des plus connus dans le monde, choisit l’anonymat et le travail collectif au sein du groupe maoïste...
Par
le 1 sept. 2019
Du même critique
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
44 j'aime
9
Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...
Par
le 14 nov. 2020
38 j'aime
55
Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...
Par
le 4 nov. 2022
34 j'aime
6