Chasse, nature et tradition.
Pas encore propulsé grand maître du cinéma d'action grâce au carton du premier "Die Hard", John McTiernan allait, avec son deuxième film, propulser le genre dans une autre dimension, en le couplant avec un autre tout aussi populaire, celui de la science-fiction.
D'un tournage que l'on imagine épique, McTiernan, à partir d'un scénario parfaitement épuré signé Jim et John Thomas, tire dans un premier temps un pur film de commando, utilisant cette première demie-heure afin de planter son décor et ses personnages, et ainsi installer doucement mais sûrement une angoisse sourde et palpable à chaque plan, tout en montrant l'homme et ses armes de destruction massive comme une des pires abominations engendrée par la nature, en plus d'être d'une totale vacuité.
Accompagné par la bande son belliqueuse d'Alan Silvestri, McTiernan bifurque ensuite vers le pur survival, nous offrant une relecture violente et stressante des "Chasses du comte Zarroff", jouant magistralement avec nos nerfs jusqu'à un affrontement final inoubliable et bestial, où l'homme devra revenir à sa nature primitive et aux fondements de l'art de la guerre s'il veux vaincre une créature bien plus forte et intelligente que lui, monstre aussi hideux que magnifique sorti des studios de Stan Winston (sur un concept initial de Steve Johnson qui sera finalement abandonné), interprété avec force par Kevin Peter Hall, venu remplacé au pied levé un Jean-Claude Van Damme alors inconnu et pas du tout à l'aise avec son costume.
Dans le rôle du Beowulf des temps modernes, Arnold Schwarzenegger trouve un de ses rôles les plus marquants, détournant son image de demi-dieu invincible en se confrontant à une émotion qui lui était pratiquement inconnue: la peur. Difficile d'oublier l'image de ce colosse entièrement recouvert de boue et la terreur qui se lit dans son regard face à un adversaire dont il ne fait qu'entrevoir la réelle puissance.
Aussi intense que fascinant, proposant des tableaux aussi sublimes qu'iconiques, "Predator" est un véritable tour de force qui démontre que l'on peut véritablement enfanter un chef-d'oeuvre du septième art à partir d'une série B conçue dans un but purement lucratif.