Pour sauver un ministre perdu dans la jungle d’Amérique du sud, le gouvernement envoie des commandos hyper entraînés, impitoyables et vétérans d’innombrables conflits. Mais, après avoir dégommé du guérillero tout en se jetant de vraies plaisanteries d’homme au visage, les super guerriers deviennent la cible d’un chasseur extraterrestre en quête d’un gibier à sa hauteur.
Certains films sont réalisés sans autre ambition que celle de faire entrer un peu d’argent. Pourtant, il arrive que l’idée de départ soit tellement géniale qu’ils deviennent cultes et se transforment en références cinématographiques. Cette décennie sublime des années 80 a vu naître, entre autres :
– Alien (presque, c’est 1979), une petite production d’un réalisateur débutant
– Terminator, un film de série B
– Robocop, un film indépendant
Predator est un pur nanar, avec des héros bodybuildés qui surjouent (mal, en plus) des combattants machos blasés par la tripe. Le scénario est simplissime (Allez récupérer cette andouille de ministre sans laisser de témoins. Ah, mince ! Un alien vous défonce tous. Heureusement que le héros le bute à la fin !). À l’origine, l’idée du film vient d’une blague (si, si, jetez un œil à la page Wikipédia !). En outre, la réalisation n’est pas extraordinaire. Les plans de jungle sont filmés de trop près pour qu’on comprenne quelque chose, il y a une profusion de contre-plongées sur des poitrails musclés, imberbes et luisants d’huile. Enfin, le montage tient du jeu vidéo (un tir, douze morts et on recommence). Le look du predator est un genre de rasta hyper féroce… et très jaune, mais sa tronche avec les 4 crocs en diagonale est une vraie réussite. Niveau scénario, le réalisateur, un habitué des films d’action (piège de cristal, à la poursuite d’octobre rouge, une journée en enfer) ne fait pas dans la dentelle ; l’idée, c’est de vendre. Il fait donc la surenchère avec son inénarrable abattage d’arbres avec une minigun, ses flèches explosives de Rambo et le suicide alien à la mini bombe nucléaire d’où super Schwarzi sort noirci d’un champ de palmiers sciés à la tronçonneuse. La crédibilité est du niveau de Commando.
Pourtant, malgré ces casseroles en béton, des tirades énormes :
Faites-vous les mâchoires avec ça, et vous banderez comme des dinosaures !
Ou l’ineffable
S’il peut saigner, on peut le tuer
et un réalisme de PlayStation, le changement d’ambiance finit par faire son effet. La performance de quelques acteurs professionnels (Bill Duke, notamment) donne un tant soit peu de crédibilité à l’histoire. Et c’est surtout les images en infrarouge avec les sons déformés qui ont énormément impacté les spectateurs à l’époque (j’ai eu la chance de le voir au cinéma en 1987). Ce point de vue avait déjà été utilisé (dans Wolfen, par exemple), mais il est particulièrement bien rendu ici. L’espionnage des soldats par le predator depuis les arbres ainsi que l’efficacité du camouflage optique montre toute leur vulnérabilité face à un adversaire agile et invisible. Du coup, cette tension balaie toutes les considérations d’esthète en ravivant la peur primale de la proie. C’était super bien joué !
Il est toujours agréable de revoir cette légende du cinéma. Même si elle reste simple, cette œuvre n’a pas à rougir devant les immondes navets régulièrement pondus qui, eux, disparaissent heureusement sans laisser de trace.